Si j’ai choisi la liane comme motif principal et plante-totem de cet essai, ce n’est pas seulement pour (dé)jouer avec un certain imaginaire colonial ou m’extasier sur les propriétés botaniques de ces végétaux filiformes, c’est d’abord pour rendre hommage au lyannaj (du créole « lyan », « liane ») des archipels de Martinique et de Guadeloupe : des pratiques de solidarité et de résistance qui s’inscrivent dans l’expérience historique du marronnage – les arts de la fugue des esclavagisés. Dans les Amériques et les îles de l’Océan indien, le rapport de soin à la terre est intimement lié chez les Afrodescendants à l’héritage des « nègres marrons », à l’usage libérateur de la forêt comme refuge, comme espace de camouflage et de reconstruction de soi.