— Toute ta vie est ici, n'est-ce pas, Jamie ? Tu es né
pour régner sur Lallybroch.
— Sans doute, Sassenach. Et toi ? Tu es née pour devenir quoi, au juste ? Une châtelaine ? Ou pour dormir à
la belle étoile comme une bohémienne ? Pour être guérisseuse, la femme d'un professeur, ou celle d'un hors-la- loi ?
— Je suis née pour te rencontrer, répondis-je simplement en tendant les bras vers lui.
— Tu sais, observa-t-il en se libérant, tu ne l'as jamais dit.
— Toi non plus.
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— Si, je l'ai dit. Le lendemain de notre arrivée. J'ai dit que je te désirais plus que toute autre chose.
— Et je t'ai répondu que désirer et aimer, ce n'était pas la même chose.
— Tu as sans doute raison, rit-il.
Il lissa mes cheveux et baisa mon front.
— Je t'ai désirée dès que j'ai posé les yeux sur toi, mais je t'ai aimée quand tu as pleuré dans mes bras et que tu m'as laissé te consoler, la première nuit à Leoch.
Le soleil se coucha derrière les sapins noirs et les premières étoiles s'allumèrent dans le ciel. C'était la mi- novembre et la brise du soir était fraîche. Jamie appuya son front contre le mien, noyant son regard dans mes yeux.
— Toi d'abord.
— Non, toi.
— Pourquoi ?
— J’ai peur.
— Peur de quoi, Sassenach ?
— De ne plus pouvoir m'arrêter de le dire.
Il lança un regard vers la ligne d'horizon où se levait la faucille de la lune.
— C’est bientôt l'hiver et les nuits rallongent, mo duinne.
— Serrée contre lui, je sentais son cœur battre.
— Je t'aime.