OUTLANDER | Bande annonce OFFICIELLE de la saison 6
Je crois qu'on a tous en nous un petit espace qui n'appartient qu'å nous, comme une forteresse, notre refuge le plus intime. C'est peut-être notre âme, cette chose qui fait qu'on est soi-même et personne d'autre. C'est un endroit qu'on ne montre à personne, sauf parfois à quelqu'un qu'on aime beaucoup.
Son visage se ferma et ses joues s'empourprèrent.
- Tu suggères que je t'ai été infidèle ? dit-il, incrédule. On est rentrés au château il y a moins d'une heure. Je suis couvert de poussière et de sueur après deux jours en selle. Je suis si épuisé que mes genoux en tremblent et, malgré tout, je me serais précipité pour séduire une gamine de seize ans ?
Il secoua la tête, l'air abasourdi.
- Je ne sais pas si c'est un compliment à ma virilité ou une insulte à ma morale, mais, dans un cas comme dans l'autre, Sassenach, je crois que tu perds la tête.
Je fis une dernière tentative.
-Et cela ne vous ennuie pas que je ne sois plus vierge ? demandai-je.
Il hésita un moment avant de répondre:
-Pas tant que vous ne voyez aucun inconvénient à épouser un puceau.
L'histoire n'est que la somme de tous nos actes réunis.
- C'est absolument passionnant, nous confia-t-il.
Hélas, je reconnus bien là le chant de l'érudit, aussi facilement identifiable que le cri de la grive. Le sang de Frank ne fit qu'un tour : répondant aussitôt à l'appel de l'individu de son espèce, il entama la danse rituelle du chercheur et les deux hommes se lancèrent à corps perdu dans une conversation "absolument passionnante" sur les archétypes et les parallèles entre superstitions archaïques et croyances modernes. Je poussai un soupir et jouai des coudes vers le bar. J'en revins bientôt avec une fine à l'eau dans chaque main.
Sachant par expérience à quel point il était difficile de détourner l'attention de Frank lorsqu'il était plongé dans ce genre de discussion, je lui pris la main, y plaçai le verre et rabattis ses doigts autour, lui laissant néanmoins la responsabilité de porter son cognac à la bouche.

La montée d'adrénaline me donna la nausée. Lasse de cette situation ridicule, je serrai fermement le bougeoir dans ma main, ouvris la porte d'un coup sec et bondis dans le couloir.
« Bondis » n'est peut-être pas le mot juste. Je trébuchai immédiatement sur une masse compacte à mes pieds, et m'étalai de tout mon long en me cognant la tête contre un objet douloureusement solide.
Je me redressai, me tenant le front entre les mains, oubliant soudain de craindre pour ma vie.
Celui que j'avais piétiné pestait abominablement. D'après sa taille et l'odeur de transpiration, ce ne pouvait être qu'un homme. Encore étourdie, je le sentis se relever et chercher à l'aveuglette les volets de la fenêtre juste au-dessus de nous.
Une soudaine bouffée d'air frais me fit fermer les yeux. Lorsque je les rouvris, le clair de lune éclairait le visage de l'intrus.
- Que faites vous ici ? m'écriai-je, furieuse.
Au même moment, Jamie me demanda sur un ton tout aussi accusateur:
-Combien pesez-vous, Sassenach ?
Encore un peu confuse, je répondis:
-Cinquante-sept kilos... Pourquoi ?
-Vous avez failli m'éclater le foie, grogna-t-il en se massant le ventre. Sans parler du fait que vous m'avez fichu une trouille bleue !
Il tendit une main et m'aida à me relever à mon tour.
-Ça va aller ? demanda-t-il.
-Non, je me suis cogné la tête.
Me frottant le front, je regardai autour de moi ce que j'avais bien pu heurter dans ce couloir totalement vide.
-Sur quoi j'ai atterri? demandai-je, encore hagarde
-Sur ma tête ! répondit-il sur un ton légèrement agacé.
-C'est bien fait ! rétorquai-je. Que faites-vous ici, à vous glisser sournoisement derrière ma porte ?
Il me lanca un regard mauvais.
-Je ne me glissais pas « sournoisement », figurez-vous ! Je dormais, ou du moins j'essayais.
— Ainsi, vous êtes une lady et vous attendez un enfant.
Votre mari vous laisse néanmoins venir ici ? Il ne doit pas être un homme comme les autres.
— En effet. Il est écossais, résumai-je succinctement
L'être humain est grégaire par nécessité. Les hommes des cavernes, nus et faibles, armés de leur seule ruse, n'ont survécu qu'en se rassemblant en communautés, sachant, comme tant d'autres espèces, que leur nombre les protégerait. Cette conscience, profondément ancrée dans l'âme humaine, est à la base du comportement des masses. Pendant des millénaires, celui qui osait se démarquer du groupe, sans parler de s'y opposer, se condamnait à mort. Faire face seule à un foule demande plus que du courage, car il faut surmonter son instinct de survie.
Sur un coup de tête chevaleresque qui ne lui coûtait pas grand-chose, Son Altesse avait ordonné d'évacuer et de soigner d'abord les blessés anglais. Ce sont, eux aussi, les sujets de mon père et je tiens à ce qu'ils soient bien traités,avait-il déclaré. Le fait que les Highlanders qui venaient de remporter la victoire en son nom étaient aussi ses sujets semblait lui avoir échappé.
— Vu le comportement du père et du fils, marmonnai- je à Jenny Cameron, il ne nous reste qu'à espérer que le Saint-Esprit ne s'en mêle pas lui aussi !
— Je suis une sassenach, après tout ! Il caressa doucement ma joue.
— Oui, mo duinne, mais tu es ma sassenach.