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Citation de Cielvariable


Je remarquai à peine les branchages qui fouettaient mon corps, l'eau et la boue qui trempaient mes jupes. Le sentier était jonché de feuilles qui étouffaient le bruit de mes pas et ceux de mon guide.

Je les entendis avant de les voir : le duel était déjà engagé. Le fracas des lames retentissaient dans l'air humide et le silence de la nature avait quelque chose d'inquiétant.

La clairière était grande, profondément enfouie dans le bois, mais accessible par un sentier. Ils s'affrontaient, indifférents à la pluie qui imprégnait leurs vêtements. Jamie avait affirmé être le meilleur à l'épée. C'était peut-être le cas, mais Jonathan Randall n'était pas manchot. Il plongeait, esquivait, souple comme un serpent, et son arme cinglait l'air comme un fouet d'argent. Jamie se déplaçait avec la même rapidité, avec une grâce étonnante pour sa taille, le pied léger et la main sûre. Je n'osais crier de peur de briser sa concentration. Ils tournaient l'un autour de l'autre, se regardaient droit dans les yeux, emportés dans une étrange danse de mort.

Je les observais, figée et impuissante. J'étais venue jusqu'ici pour les arrêter. Maintenant que je les avais retrouvé, je ne pouvais rien faire, au risque de détourner leur attention l'espace d'une seconde qui pouvait être fatale. J'étais condamnée à attendre, jusqu'à ce que l'un d'entre eux tombe, mortellement blessé.

Soudain, l'épée de Randall vola dans les airs. Il recula précipitamment et tomba à la renverse.

C'était le moment où jamais d'intervenir et de m'interposer, entre la défaite de l'adversaire et le coup de grâce. Je voulus appeler, mais n'émis qu'un faible cri étranglé. Une douleur aiguë me traversa les reins et je sentis un déchirement dans mes entrailles.

Je battis des mains, tentai de me rattraper aux branchages. Plus loin, je voyais le visage de Jamie, transfiguré par une sorte de jubilation intérieure. Aveuglé par un voile de violence et de fureur, il ne m'avait pas entendue. Il ne voyait rien d'autre que sa proie, Jack Randall, rampant sur le dos pour fuir la lame qui s'approchait inexorablement. Celui-ci cambra le dos, tenta de se relever, mais ses pieds glissèrent sur l'herbe mouillée et il retomba lourdement sur le sol. Sa gorge apparaissait à travers sa chemise déchirée, exposée comme celle d'un condamné qui implore la pitié du bourreau. Mais la vengeance ne connaît pas la pitié et ce n'était pas vers sa gorge que la lame pointait.
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