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Citation de AileH


Et s'impose à moi cette évidence flagrante : non pas ma mère, mais mes deux grand-mères furent, elles aussi des contemporaines exactes de Simone de Beauvoir. Elles sont nées l'une en 1909, l'autre en 1913. Et c'est en contrepoint des Mémoires d'une jeune fille rangée- sur l'enfance bourgeoise, le rapport à la culture et à la lecture, la possibilité des études - , et des volumes suivants (...), que leurs vies s'eclaireraient et prendraient sens. Leurs vies ? Que pourrais-je en dire ? J'en connais bien peu de choses en vérité. Elles n'ecrivaient pas leurs Mémoires, et rien ne subsiste de ce qui en constitua la trame au jour le jour. Ce que Péter Handke écrit de sa mère dans Le Malheur indifférent :"Elle était ; elle fut ; elle ne fut rien", je pourrais l'écrire de chacune de mes grand-mères. C'est cela : elle étaient ; elles furent ; elles ne furent rien. En tout cas, rien d'autre que ce qu'elles furent, dans le périmètre étroit de leurs existences ouvrières. D'elles, il ne reste rien, en dehors des souvenirs qui perdurent dans la mémoire de leurs enfants, quand ils sont encore là pour se souvenir, et dans celle, plus fragmentaire, plus incertaine, de leurs petits-enfants. Je suis l'un d'eux. Et je me demande : à qui est reconnu, je ne dirai pas le droit, mais plus simplement la possibilité, ou la faculté d'accéder à la visibilité, à la légitimité sociale d'une vie qui mérite d'être racontée comme celle d'une personne et non plus seulement comme élément d'un collectif, quelque soit le nom qu'on lui donne, et même s'il arrive - mais ce n'est plus guère le cas ! - que ce nom paraisse glorieux aux yeux de ceux qui le donnent (le "Peuple", la "Classe ouvrière "...) ?
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