En 1867, le missionnaire de la LMS (London Missionary Society) William Ellis, revenu à Madagascar après trois précédents séjours, publiait un ouvrage intitulé Madagascar Revisited. Il appartient à cette catégorie de Vazaha (étrangers, plus particulièrement Européens) familiers à Françoise Raison-Jourde, qui a travaillé sur le christianisme. Ayant bu l’eau du Manangareza, elle devait, comme lui, revenir plusieurs fois à Madagascar.
Françoise a connu bien d’autres horizons, mais n’est jamais restée longtemps sans revoir Madagascar. Parmi ses collègues et amies spécialistes du Continent, plusieurs ont aussi fait le voyage de la Grande Ile (Catherine Coquery-Vidrovitch, Odile Goerg, Claude-Hélène Perrot). Quant à Gabrielle Houbre, elle a souvent entendu Françoise lui parler de ce pays. C’est grâce à son époux, Jean-Pierre, des collègues, des amis, malgaches ou français, et des étudiants de l’Université d’Antananarivo que Françoise elle-même a découvert, en partie, Madagascar.
C’est durant sa carrière à l’Université de Paris 7 que Françoise a achevé sa thèse d’Etat sur le XIXe siècle malgache, tout en restant sensible aux mutations qui ont affecté l’Ile depuis son départ en 1973. Ainsi, à de nombreuses reprises, elle a revisité Madagascar sous l’angle du politique, réexaminé des thèmes laissés un moment de côté (la question paysanne, le fokonolona), étendu son champ de recherches de l’Imerina vers d’autres régions. Durant les années 1980 et 1990, son séminaire de Paris 7 fut un carrefour de savoir et un lieu de rencontres pour les personnes intéressées par le Sud-Ouest de l’Océan Indien.
Cet ouvrage, un témoignage d’amitié d’anciens étudiants et de collègues, est une invitation à cheminer avec elle. Il reprend des questions qui l’ont intéressée, suit des pistes qu’elle a suggérées. Aussi, l’essentiel des contributions porte sur Madagascar, son terrain de recherche.