La vie est fragile,
à l'image de la rosée délicatement suspendue aux herbes,
en gouttes de cristal qu'emporte la première brise du matin.
Si vous passez votre temps à accomplir d'interminables tâches mineures, au moment de la mort vous serez envahi par l'angoisse et pleurerez de regret, comme un voleur jeté en prison se demande quel va être son sort. C'est pourquoi Milarépa déclara au chasseur Gonpo Dordjé : ‟ En cultivant une dévotion inébranlable envers ton maître et les Trois Joyaux, même si tu te retrouves démuni de tout, tu vivras et mourras rasséréné et le cœur plein de joie ”.
Dilgo Khyentse Rinpoché Le Trésor du cœur des êtres éveillés, Le Seuil, coll. Points Sagesse, 1996. p. 67.
Qu'aimerions-nous transmettre à nos enfants ? Une belle image de nous-même, de sorte qu'ils nous voient plus beaux que nous ne sommes en réalité ? À quoi bon ? Des biens matériels ? C'est leur mettre entre les mains un monceau de problèmes. […] Notre présence ? Que nous le voulions ou pas, ils seront séparés de nous quand nous mourrons. […] Ce qu'en revanche nous pouvons leur léguer, c'est une source d'inspiration, une vision des choses qui ait un sens et qui puisse leur donner confiance à chaque instant de leur vie. Pour cela nous devons bien sûr acquérir nous-mêmes une certaine assurance, une certitude intérieure. Or, ce sentiment ne peut à l'évidence venir que de notre esprit ; il est donc grand temps de nous occuper de celui-ci.
Nous devrions être constamment portés par l'impulsion de faire le bien des autres, entièrement imprégnés d'amour et de compassion pour eux, et en nous l'esprit d'Eveil trouverait à s'épanouir.
On ne peut pas juger un acte sur sa seule apparence. Sa valeur dépend de l'état d'esprit d'où il procède et qui l'accompagne. Certains actes d'altruisme spectaculaires sont accomplis pour des motifs égoïstes - pour la reconnaissance, par exemple, ou pour une bonne rétribution karmique- qui les dénaturent. Bref, gardons à l'esprit que la vraie voie du Grand Véhicule consiste à pratiquer l'amour et la compassion dans l'optique d'amener tous les êtres à la libération.
L'esprit d'Eveil a deux aspects : absolu et relatif. L'esprit d'Eveil absolu n'est autre que la réalisation de la vacuité ; inaccessible aux novices, il mûrit lentement avec le temps. L'esprit d'Eveil relatif consiste à engendrer la pensée de l'amour et de la compassion, et à le mettre en pratique. L'esprit sincère et persévérant de l'esprit d'Eveil relatif transforme peu à peu l'esprit jusqu'à la réalisation de l'esprit d'Eveil absolu.
Nous avons un long chemin à parcourir dans nos vies futures, et la mort n'est qu'un seuil à franchir. Un seuil que nous franchirons seuls, avec pour unique secours la foi en notre maître et notre confiance dans la pratique spirituelle. Nos parents, nos amis, notre puissance, notre richesse et tout ce sur quoi nous avions l'habitude de compter nous feront défaut.
Quand l'esprit libre du passé et du futur , l'esprit reste dans un état d'éveil limpide , sans être attiré par des objets extérieurs ni occupé par des constructions mentales , il a rejoint la simplicité primordiale .
Dans cet état , la main de fer d'une vigilance forcée n'est plus tenue d'immobiliser les pensées . Les maîtres enseignent en effet que "la bouddhéité , c'est la simplicité naturelle de l'esprit " .
Quand nous aurons reconnu cette simplicité , maintenons -là à l'aide d'une présence d'esprit dénué d'effort .
Nous jouirons alors d'une telle liberté intérieure qu'il sera inutile de bloquer les pensées ou de craindre qu'elles n'entament la méditation.
On n'atteint pas l'Éveil par le simple fait d'avoir rencontré un maître et de lui avoir demandé un bref conseil. Cette rencontre ne se borne pas non plus à un contact extérieur : il s'agit de reconnaître le maître intérieur qui n'est autre que la nature de notre esprit.
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Ce que l'on perçoit n'est en soi ni beau ni laid. Laideur et beauté ne sont que des projections mentales. Aucun être ou objet ne possède par lui-même la faculté de nous rendre joyeux ou triste. C'est ainsi qu'une même personne peut plaire à certains et déplaire à d'autres. À nouveau, c'est l'esprit, et lui seul, qui en est la cause.
Lorsqu’un arc-en-ciel apparaît, lumineux dans le ciel, vous pouvez contempler ses belles couleurs, mais vous ne pouvez l’attraper et le porter comme un vêtement. L’arc-en-ciel naît de la conjonction de différents facteurs, mais rien en lui ne peut être saisi. Il en va de même pour les pensées. Elles se manifestent dans l’esprit, mais elles sont dépourvues de réalité tangible ou de solidité intrinsèque. Aucune raison logique ne justifie donc que les pensées, qui sont insubstantielles, disposent de tant de pouvoir sur vous, aucune raison pour que vous en soyez l’esclave.
L’infinie succession de penses passées, présentes et futures nous conduit à penser qu’il existe quelque chose qui serait là de manière inhérente et permanente. Nous appelons cela l’esprit. Mais en fait les pensées passées sont aussi mortes que des cadavres, et les pensées futures ne sont pas encore survenues. Alors comment ces deux catégories de pensées qui n’existent pas pourraient-elles constituer une entité qui, elle, serait existante ? Et comment la pensée présente pourrait-elle s’appuyer sur ces deux choses inexistantes ?
Cependant, la vacuité des pensées, n’est pas simplement du vide, comme on pourrait le dire de l’espace. Il t a là, présente, une conscience spontanée, une clarté comparable à celle du soleil qui éclaire les paysages et permet de voir les montagnes, les chemins et les précipices.
Bien que l’esprit soit doué de cette conscience intrinsèque, affirmer qu’il y a un esprit, c’est apposer l’étiquette de réalité sue quelque chose qui n’en a pas, c’st énonce l’existence d’une chose qui n’est qu’un nom donné à une succession d’évènements. On peut appeler « collier » l’objet constitué par des perles enfilées, mais ce « collier » n’est pas une entité douée d’une existence intrinsèque. Quand le fil casse, où est le collier ?
Afin de repondre aux besoins de chacun, Tchenrezi - le Bouddha de la compassion - est tantôt un roi, tantôt un maître spirituel, un homme ou une femme ordinaires, tantôt un animal sauvage ou même une montagne, un arbre...