Domi Bergougnoux

La nuit recule
jusqu'au fracas des étoiles
la pupille perd sa courbe lumineuse
au fond des yeux tristes

La lune descend dans la gorge
le cœur mangé de bosses et de heurts
va faire un trou sans fin
la peau se retourne comme un gant

Les anges bouleversés
emportent dans leur voix
la corne de brume
le vent
et le pouls de la lumière

Les sources sont en feu
les sirènes se noient
il pleut des sanglots de sel

Partout
la déchirure

Je te tirerai par les branches vers la lumière
là où tout refleurit
Tu connaitrais un printemps si vert et ruisselant
que tu finiras bien par oublier cet âpre hiver...

Elle invente une langue
de sève et de feuilles
de sang et d’écume
pour ravir la lumière

Je protège
la patience de l’abeille
Elle dit l’espoir du miel
dans le bol sacré du jour

Je vais en faire quoi, moi, de tout ce chagrin
inopportun ?

L’enterrer
incognito
parmi les jonquilles...

Course folle
ça tournoie ça broie ça écrase

Les anges abimés
sanglotent à genoux
dans le vitrail des feuilles

Nos vies minuscules

Quelques souffles
et un battement d’ailes
de cils ou de cœur

Une feuille au vent

A peine un grain de sable