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Citation de ecrivain-fxl


Il ne suffit pas d’être laide pour perdurer dans le métier de caboulotte, savoir travailler le mépris d’un homme pour mieux le dépouiller est un talent précieux.
Le client qui vient dans mes murs tuer l’ennui avant d’aller dormir esquisse un sourire rapide dès qu’il découvre mon allure négligée : tenues vaguement échancrées aux couleurs lasses, boucles d’oreille à trois anneaux, cheveux décolorés ; il se sent maître des lieux. Ma totale disponibilité ne lui coûtera qu’un verre ou deux tout au plus calcule-t-il. Qui s’attarde sur un paillasson ?
Chacun d’eux paye pour imposer une virilité dédouanée du devoir de bander. Ils ne le savent pas encore. Pas à ce stade. Le stade auquel je fais allusion est délimité par le comptoir, les tabourets inconfortables, le portemanteau, le tableau d’un ton rose où se découpe la silhouette en ombre chinoise d’une danseuse nue.
Chacun justifie sa présence par l’expression « passer par là ». Mais c’est où ce là ? La Corse ? Bastia ? L’angle de la place du marché, ventre de la ville entre port de commerce où grincent les cargos et vieux port où claquent les drisses ?
Passer, la nuit, par là, et faire mine d’ignorer ce que signifie la lanterne jaune posée au-dessus des trois mots : « Aux Trois Anneaux », enseigne craquelée qui coiffe le porche. Drôle de hasard sensible à l’invite de la porte ouverte comme aux promesses de la tenture qu’il faut écarter.
Non, tout le monde le sait : on ne passe jamais par inadvertance ; on vient à moi…
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