que peuvent nous apprendre cette institution, et ceux qui y vivent, sur les évolutions sociétales et les enjeux de l’existence, de l’« être au monde » ?
Finalement, l’ensemble de nos interrogations peut se résumer autour d’un même projet : cerner, au-delà des discours, la réalité du travail en prison et ses fonctions économique, sociale et psychique. A quoi sert le travail ? Voilà bien une question qui n’est pas propre à cet univers clôt et relégué
L’accès au travail signifie aussi l’accès à d’autres statuts qui ont une fonction décisive en termes de différenciation de soi et de reconnaissance par autrui
Il s’agit ici de comprendre d’où s’origine et quelles sont les spécificités qui caractérisent le statut juridique du travail en prison, ce qu’il implique concrètement par rapport au droit général, en quoi il contribue à éloigner le détenu de la société civile
Détacher l’espace prison du travail qui s’y accomplit implique de changer le cadre juridique qui lie triangulairement les donneurs d’ordre, l’administration pénitentiaire et les détenus
Préparer un détenu à la citoyenneté ne se fait pas en commençant par l’en priver. Réfléchir aujourd’hui sur cet antagonisme éventuel, c’est, plutôt que construire l’idée d’une nouvelle prison pour l’avenir, bien au contraire créer et préparer le champ des peines substitutives de demain
la restauration de l’individu exclu dans sa dignité de sujet de droit, capable d’un usage public de sa parole devrait constituer la finalité de l’action judiciaire
Travailler implique donc la capacité de supporter affectivement les impondérables, car l’activité ne devient alors efficiente que si elle double d’une obstination devant les échecs qui font partie intégrante du travail ordinaire