Citations de Dominique Vietti-Letoille (14)
"Je t'ai entendue le soir faire des prières. Je ne les comprends pas, mais leurs mélopées ressemblent à celles que je fais. "
On ne regrette jamais autant quelqu’un ou quelque chose que quand on l’a perdu !
Donne, si tu ne veux pas garder.
Entre le migrant volontaire d’hier et la salariée dynamique d’aujourd’hui, tout un roman…
Nous sommes en 2020, Claire en instance de séparation se concentre sur son travail et ses relations amicales. Un soir, en rentrant, elle est très étonnée de trouver un courrier d’un notaire inconnu. Comment va-t-elle affronter une vérité qui va lui faire découvrir un passé familial la ramenant en 1900, au temps des migrations vers l’Amérique qui faisait tant rêver ? Sera-t-elle capable de changer sa vie ?
J’ai trouvé très intéressant le jeu des chapitres nous faisant passer sans arrêt de 2020 à 1900, évitant ainsi l’ennui d’une description « souvenir ». D’autant plus que la police de caractères accompagne bien la distinction. C’est vivant et émouvant, surtout la vie, les épreuves, les peurs d’une famille dont le père a dû laisser sa femme et sa fille en Italie. Vers la fin du roman, j’ai trinqué avec joie en pensée et en bonne compagnie, le verre plein de Fernet, un vin amer et épicé italien devenu la boisson favorite des Argentins.
Mettre en parallèle une saga familiale et une enquête au cours de laquelle sont dévoilées traîtrises et trahisons, est, me semble-t-il, une bonne idée pour obtenir un intérêt constant, faisant la part belle aux relations d’amitié.
Si la construction est solide, l’écriture, elle, s’adapte au monde qu’elle décrit : vive avec des dialogues en 2020, plus descriptive en 1900. Le style est épuré, réaliste, familier, facile à lire. L’attention est captée et gardée.
Ce roman a été primé en 2022 au Salon de Buzet-sur-Baïse, c’est un gage de qualité.
Je remercie Dominique Vietti-Létoille pour sa prise de contact, mais surtout les Editions au Pluriel pour l’envoi du livre broché. Il faut le signaler car peu de professionnels suivent leurs auteurs quand ils proposent un chroniqueur dont ils apprécient le travail.
On se sent bien avec elle. Je pense qu'elle n'a pas du avoir une vie facile, mais il émane d'elle une telle joie de vivre qu'on ne peut s'empêcher de rire avec elle, de suivre son rythme. J'apprends au cours du repas qu'elle vit dans le pays depuis plusieurs années, arrivée à la traîne d'un ou plusieurs baroudeurs, dont certains sont décédés, maladies, overdoses, et d'autres repartis.
Il y retrouve des enfants gâtés comme lui, exigeants, habitués à donner des ordres à leurs domestiques et considérant les personnels enseignants comme leurs obligés. Malgré l'état d'esprit très conciliant de l'école, les frictions ont été précoces et nombreuses. Monsieur a été plusieurs fois convoqué à cause de l'attitude perturbatrice de son fils, mais aussi de sa violence et de ses incorrections. Il a promis de lui faire la leçon, ce qui s'avère difficile, sa mère prenant systématiquement sa défense. L'école l'a gardé, peut - être parce qu'il a fait un petit effort d'adaptation, car c'est un enfant remarquablement intelligent et manipulateur, mais aussi parce que l'école n'a pas envie de se priver des mensualités faramineuses payées pour sa scolarité.
La vie est faite de très courts moments de bonheur, compensant le malheur majoritaire. Je prends à bras-le-corps les rares instants heureux!
Actuellement, les domestiques sont de plus en plus exigeantes. Elles veulent du temps libre, des augmentations de salaire, elles se plaignent, jusqu'au tribunal parfois. Et puis, celle - là ne reluque pas mon mari. J'ai bien assez de problèmes avec lui et sa maîtresse, sans avoir encore une bonne à la maison qui s'y intéresse.
Il y a longtemps que j'ai appris que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire.
Mais il est préférable de ne pas être trop jolie. Sinon, les patrons, leurs fils ou leurs amis nous regardent de trop près, de vraiment trop près…Et alors, après, à vous les problèmes !
Je me dis parfois que, dans une autre vie, dans un autre monde, dans d’autres circonstances, j’aurais peut-être pu faire des études. Mais à quoi bon extrapoler ? La vie est ainsi faite. Je n’ai jamais oublié les bases apprises durant cette partie de mon enfance. Je ne dis pas que cela fut une période heureuse, mais j’ai connu tellement pire depuis.
Grand-mère est moins fatiguée et plus disponible pour nous raconter des histoires, elle qui en connaît tant, des vieilles légendes, des contes, des histoires à faire peur que nous écoutons, mon frère et moi, recroquevillés l’un contre l’autre. Mais les histoires de Grand-mère se terminent toujours bien. Elle a coutume de dire que la vie est assez dure comme ça, sans en rajouter avec des récits tristes ou dramatiques. Elle essaie toujours d’y introduire une certaine morale, correspondant à ses valeurs, la politesse, la gentillesse, le respect. Nous adorons lui faire réciter encore et encore les mêmes histoires. Elle qui ne sait ni lire et écrire, les connaît par cœur. Pour tester notre attention, elle les modifie parfois et nous ne manquons pas de la reprendre en lui faisant remarquer son erreur. Cela la fait rire et la rassure quant à notre écoute. Parfois, elle nous répond qu’une histoire n’est pas figée et elle continue en modifiant le récit. Je pense, maintenant, que c’était une façon de retenir notre attention.
Pour l’instant, je suis une jeune enfant qui vient de perdre sa maman et qui voit s’installer une nouvelle femme, se créer une nouvelle famille. Un nouveau départ, en sorte. Mais pour quelle arrivée ?
Au bout d’un certain temps, mais quand on est un enfant, le temps n’a pas la même valeur que pour les adultes. Quelques semaines? Quelques mois ? Je ne sais plus. Enfin,toujours est-il que les parents de la fille, ma grand-mère, les voisins et les villageois dans leur ensemble, commencent à trouver la situation un peu étrange, voire choquante.
Il est devenu taciturne, ne sourit plus, ne nous gronde plus non plus. Il travaille, mange, dort, vit mécaniquement tel un automate, parle peu, sinon l’essentiel.