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Citation de claudine42


Maudite glace.
Il avait espéré que le froid ralentirait l'hémorragie du blessé. En vain. Sans médicaments et avec les quelques instruments usés qu'il avait à disposition, il n'avait pu arrêter le saignement. Et même s'il y était arrivé, à quoi bon ? Ceux qui guérissaient étaient expédiés en première ligne. Il les remettait sur pied pour qu'ils tuent ou se fassent tuer - belle récompense ! Finalement, lui aussi travaillait pour le compte de la Grande Faucheuse.
Je suis le clown envoyé par Dieu en pleine Apocalypse, se disait-il.
Autour de lui, plus rien n'était pourvu de sens logique. Pour commencer, c'était le printemps mais tout évoquait l'hiver. Ils l'appelaient guerre mondiale, mais au fond c'était toujours la même merde. Une génération prometteuse d'Autrichiens - les meilleurs fils de la patrie - était venue se faire trucider au nom d'un avenir qu'elle ne connaîtrait jamais. Jacob Roumann voyait arriver des jeunes gens farcis d'hormones et d'idéaux ; au bout de quelques semaines de tranchées, ils ressemblaient à des petits vieux trouillards et rancuniers. Il blâmait aussi les Italiens de l'autre côté du front. Mal équipés, peu ou pas préparés au combat, ils étaient mus par le souvenir de leur Risorgimento, leur lutte pour l'unification. Poussés par l'exigence de rivaliser avec leurs pères, les fils voulaient s'assurer une place dans l'histoire, ignorant totalement que, une fois cette guerre terminée, tôt ou tard une autre éclaterait et que l'histoire les oublierait.
Et lui ? Que faisait-il là ? Il se le demandait de plus en plus souvent.
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