AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de collectifpolar


La nuit explosa. La porte d’entrée s’ouvrit avec fracas et alla heurter le mur, la poignée entamant le revêtement de plâtre. Un homme s’engouffra dans l’appartement. Il portait un passe-montagne, une tenue qui ressemblait à un uniforme camouflé et de lourdes bottes ; il tenait une mitraillette à la main. Un autre homme, masqué et dans le même accoutrement, était sur ses talons. Ils furent suivis d’un troisième homme en uniforme sombre mais non masqué. Deux autres personnages, également en uniforme sombre, restèrent à l’extérieur.
Les deux hommes masqués traversèrent le séjour en courant et s’engagèrent dans le couloir desservant les chambres. L’homme au visage découvert les suivit, mais plus précautionneusement. L’un des hommes masqués ouvrit la première porte qu’il vit, constata que c’était la salle de bains, ne referma pas et se dirigea vers une autre porte laissée entrouverte. Il vit le berceau, les mobiles qui tournaient lentement dans un léger courant d’air.
« Il est là », lança l’homme, sans chercher à parler à voix basse.
Le deuxième homme masqué s’approcha de la porte en face. Tenant toujours sa mitraillette, il se précipita à l’intérieur, son acolyte sur les talons. Les deux personnes couchées là se redressèrent brusquement, réveillées par le bruit et la lumière du couloir, car le personnage au visage découvert venait d’allumer avant d’entrer dans la chambre où dormait le bébé.
La femme hurla et tira les draps devant sa poitrine. Le dottor Pedrolli bondit si vivement du lit que le premier intrus fut pris par surprise. Avant qu’il ait le temps de réagir, l’homme nu fut sur lui ; un poing s’écrasa sur sa tête, un deuxième sur son nez. L’intrus hurla de douleur et s’effondra, tandis que Pedrolli criait à sa femme : « Appelle la police ! Appelle la police ! »
Le deuxième intrus masqué brandit son arme et la braqua sur Pedrolli. Il prononça quelques paroles, mais le passe-montagne étouffa ses mots et personne n’aurait pu comprendre ce qu’il avait dit. De toute façon, Pedrolli était au-delà de tout appel à la raison et se précipita, mains en avant, pour attaquer. L’intrus masqué réagit instinctivement, tourna son arme et porta un coup de crosse au-dessus de l’oreille gauche à la tête de son assaillant.
La femme hurla et, de la chambre voisine, lui répondirent les pleurs du bébé – ces pleurs pleins de panique que poussent les tout jeunes enfants. Elle repoussa les couvertures et, poussée par l’instinct, n’ayant plus conscience de sa nudité, elle courut vers la porte.
Elle s’arrêta brusquement : l’homme au visage découvert venait de s’encadrer dans le chambranle, lui barrant le passage. Elle cacha ses seins de ses bras en un geste qu’elle n’eut même pas conscience de faire. Voyant la scène, le nouveau venu s’approcha vivement de l’homme armé qui tenait en joue le médecin immobile gisant à ses pieds. « Espèce d’imbécile ! » lui dit-il en l’agrippant par l’épais tissu de sa veste. Lui faisant décrire un brusque demi-cercle, il le repoussa sèchement. Puis il se tourna vers la femme et leva les mains, paumes ouvertes vers elle. « Le bébé va bien, signora. Il ne lui arrivera rien. »
Pétrifiée sur place, elle était incapable de crier.
La tension fut rompue par l’homme masqué allongé sur le sol qui gémit et se remit laborieusement debout, comme s’il était ivre. Il porta une main gantée à son nez et, lorsqu’il l’examina, parut choqué à la vue de son sang. « Il m’a cassé le nez », marmonna-t-il d’une voix étouffée. Sur quoi il retira son passe-montagne et le laissa tomber au sol. Le sang continuait à couler de son nez et gouttait sur le devant de son gilet. Lorsqu’il se tourna vers celui qui paraissait être leur chef, la femme vit alors le mot cousu en lettres fluo dans le dos de son gilet pare-balles.
« Les carabiniers ? demanda-t-elle, sa voix à peine audible à cause des cris incessants du bébé.
– Oui, signora. Les carabiniers », répondit l’homme qui lui avait déjà adressé la parole. « Ne saviez-vous pas que nous allions venir ? » ajouta-t-il avec quelque chose de proche de la sympathie dans sa voix.
Commenter  J’apprécie          41





Ont apprécié cette citation (4)voir plus




{* *}