À l'occasion de la 19ème édition du salon "Lire en Poche" à Gradignan, Donna Leon vous présente son ouvrage "Une enquête du commissaire Brunetti : le don du mensonge" aux éditions Calmann-Lévy.
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Note de musique : © mollat
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- On dirait que vous cherchez à l’excuser, observa la vice-questeur. Est-elle jolie ? »
Brunetti comprit que Patta devait avoir compris la différence d’âge qui existait entre Wellauer et sa veuve.
« Oui, à condition d’aimer les grandes blondes.
- Vous ne les aimez pas ?
- Ma femme ne m’y autorise pas, monsieur. »
L’un des grands charmes du commérage est son insondable inutilité.
Du fait de sa profession, Brunetti était devenu un maitre dans l'art des silences et il était capable d'en discerner la qualité comme un chef d'orchestre distingue les timbres des diverses cordes. Il y avait les silences absolus, de vraies déclarations de guerre, après lesquels rien ne viendrait en réaction aux questions ou aux menaces. Il y avait les silences attentifs, après lesquels celui qui avait parlé mesurait l'impact de ses propos sur son auditeur. Et il y avait les silences épuisés, qu'il fallait respecter jusqu'à ce que celui qui parlait ait repris le contrôle de ses émotions.
Il était merveilleux et en même temps effrayant d’émerger de l’hôpital pour entrer ici, au milieu du sifflement de la machine à café, du claquement des tasses sur les soucoupes, et de se trouver confronté avec un rappel de ce que nous savons tous et qu’il nous déplaît à tous de savoir : que la vie continue, quoi qu’il arrive à l’un ou l’autre d’entre nous.
(Points, p.67-68)
Elle avait l'air d'être quelqu'un de tout à fait bien , pas le genre qu'on menace ou qu'on secoue . Ou qu'on tue . Les gens bien ne devraient jamais mourir comme ça . Brunetti resta quelques instants songeur . < Si seulement .........>
Jadis capitale des plaisirs de tout un continent, Venise n’était plus qu’une ville de province somnolente plongée dans un quasi-coma après neuf ou dix heures du soir. Pendant les mois d’été, elle pouvait s’imaginer revenue au temps de sa splendeur galante, tant que les touristes payaient et que le beau temps se prolongeait ; mais, en hiver, elle n’était plus qu’une vieille mémère fatiguée, seulement désireuse de se couler de bonne heure sous sa couette et de laisser ses rues désertées aux chats et au passé.
Une chose la frappa : rien n'avait changé sous le soleil depuis cette époque [du XVIIe siècle]. Les rois de jadis donnaient à leurs maîtresses des titres de comtesse de Ceci ou de duchesse de Cela ; aujourd'hui, les premiers ministres les nommaient chefs de cabinet ou ambassadrices quelque part. Et le monde continuait de tourner ainsi.
Obligé de manger seul, le premier souci de Brunetti fut de trouver quelque chose à lire. Un journal prenait trop de place sur la table. On ne pouvait jamais obliger un livre de poche à rester ouvert, ou alors il fallait massacrer sa reliure et, du coup, les pages se détachaient. Les bouquins d'art, souvent volumineux, souffraient particulièrement des taches de graisse. Il se rabattit sur le Gibbon qu'il alla chercher sur sa table de nuit, Gibbon qu'i était obligé de lire en traduction, à cause de son style.
Il sortit les lasagnes du four, en mit une portion dans une assiette, se versa un verre de pinot gris et appuya le Gibbon contre deux autres livres que Paola avait laissés trainer sur la table, le maintenant ouvert à l'aide d'une planche à découper et d'ustensiles de cuisine. Satisfait de cette disposition, il s'assit et commença à manger.
Il s'arrêta auparavant devant la fenêtre et regarda les lointaines montagnes couvertes de neige: pures, hautaines, indifférentes pour l'éternité à la concupiscence et aux désirs des hommes.
Il se détourna pour regarder en direction de Murano et au-delà, vers le lointain clocher de la basilique de Torcello, le lieu où selon certains historiens, l'idée de Venise aurait pris naissance, quinze cents ans auparavant, lorsque les peuplades de la côte allaient se réfugier dans les marais.