À l'occasion de la 19ème édition du salon "Lire en Poche" à Gradignan, Donna Leon vous présente son ouvrage "Une enquête du commissaire Brunetti : le don du mensonge" aux éditions Calmann-Lévy.
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Du fait de sa profession, Brunetti était devenu un maitre dans l'art des silences et il était capable d'en discerner la qualité comme un chef d'orchestre distingue les timbres des diverses cordes. Il y avait les silences absolus, de vraies déclarations de guerre, après lesquels rien ne viendrait en réaction aux questions ou aux menaces. Il y avait les silences attentifs, après lesquels celui qui avait parlé mesurait l'impact de ses propos sur son auditeur. Et il y avait les silences épuisés, qu'il fallait respecter jusqu'à ce que celui qui parlait ait repris le contrôle de ses émotions.
Il était merveilleux et en même temps effrayant d’émerger de l’hôpital pour entrer ici, au milieu du sifflement de la machine à café, du claquement des tasses sur les soucoupes, et de se trouver confronté avec un rappel de ce que nous savons tous et qu’il nous déplaît à tous de savoir : que la vie continue, quoi qu’il arrive à l’un ou l’autre d’entre nous.
(Points, p.67-68)
Elle avait l'air d'être quelqu'un de tout à fait bien , pas le genre qu'on menace ou qu'on secoue . Ou qu'on tue . Les gens bien ne devraient jamais mourir comme ça . Brunetti resta quelques instants songeur . < Si seulement .........>
Une chose la frappa : rien n'avait changé sous le soleil depuis cette époque [du XVIIe siècle]. Les rois de jadis donnaient à leurs maîtresses des titres de comtesse de Ceci ou de duchesse de Cela ; aujourd'hui, les premiers ministres les nommaient chefs de cabinet ou ambassadrices quelque part. Et le monde continuait de tourner ainsi.
Obligé de manger seul, le premier souci de Brunetti fut de trouver quelque chose à lire. Un journal prenait trop de place sur la table. On ne pouvait jamais obliger un livre de poche à rester ouvert, ou alors il fallait massacrer sa reliure et, du coup, les pages se détachaient. Les bouquins d'art, souvent volumineux, souffraient particulièrement des taches de graisse. Il se rabattit sur le Gibbon qu'il alla chercher sur sa table de nuit, Gibbon qu'i était obligé de lire en traduction, à cause de son style.
Il sortit les lasagnes du four, en mit une portion dans une assiette, se versa un verre de pinot gris et appuya le Gibbon contre deux autres livres que Paola avait laissés trainer sur la table, le maintenant ouvert à l'aide d'une planche à découper et d'ustensiles de cuisine. Satisfait de cette disposition, il s'assit et commença à manger.
Il se détourna pour regarder en direction de Murano et au-delà, vers le lointain clocher de la basilique de Torcello, le lieu où selon certains historiens, l'idée de Venise aurait pris naissance, quinze cents ans auparavant, lorsque les peuplades de la côte allaient se réfugier dans les marais.
- As-tu au moins la preuve que ce Gorini est un charlatan?
- C'est l'histoire de sa vie - une suite d'entourloupes en tous genres.
- Ah, murmura-t-elle, voilà qui me rappelle un peu nos chers dirigeants.
Il l’ouvrit et glissa soigneusement les Prousts à l’intérieur, puis revint vers l’étagère, en prenant le sac avec lui. Il le posa derrière lui, s’agenouilla à nouveau, et considéra attentivement les livres restants, portant des jugements viscéraux, ajoutant les livres dans le sac sans leur laisser la possibilité de plaider leur cause, depuis le refuge temporaire du bureau de Paola. Moby Dick ; L’Homme du sentiment ; I promessi Sposi, qu’il avait été forcé de lire quand il était élève au liceo et qu’il avait détesté.
La logique, c’était ma matière préférée à l’école parce que c’est une façon de déceler l’absurdité des propos que peut tenir un individu.
— Par exemple?
— L’idée que les immigrés nous appauvrissent en tant que pays, et prennent tout l’argent qui devait nous revenir. Sans compter nos emplois et nos femmes. […]
C’est, logiquement, un appel à la peur. Fais peur aux gens et tu leur feras faire tout ce que tu veux.
(Points, p. 104-5)
On a Saturday in early November, Guido Brunetti, reluctant to go outside, was at home, trying to decide which of his books to remove from the shelves in Paola’s study. Years ago, some months before the birth of their daughter, he had renounced claim to what had been his study so that their second child could have her own bedroom. Paola had offered his books sanctuary on four shelves. At the time, Brunetti ad suspected this would not suffice, and eventually it had not: the time had come of The Cull. He was faced with the decision of what to eliminate from the shelves. The first shelves held books he knew he would read again; the second, at eye level, held books he wanted to read for the first time; the third, books he’d not finished but believed he would; and the bottom shelf held books he had known, sometimes even as he was buying them, that he would never read.