Comme beaucoup de Vénitiens, Brunetti était en permanence attentif à sa ville . Souvent, au moment où il s'y attendait le moins, une fenêtre qu'il n'avait jamais remarquée se présentait dans son champ de vision, ou bien le soleil faisait briller une arche; il sentait alors son coeur se serrer en réaction à quelque chose d'infiniment plus complexe que la simple beauté. Il supposait, quand il y réfléchissait , que ces émotions avaient un rapport avec le dialecte vénitien, avec le fait que la ville comptait maintenant moins de quatre-vingt mille habitants ; qu'elles devaient peut-être beaucoup aussi à ce qu'il avait connu, en guise d'école maternelle, un palais du XV°siècle.