Autrement dit, plus l'avatar est libre, plus le joueur est esclave. En jouant à un jeu vidéo, on échange une soumission réelle contre une liberté simulée.
Une soumission récompensée, p. 20
Du fait de sa métamorphose informatique, le jeu qui était tout un se brise en ses parties constitutives, et devient un travail et un spectacle, un travail ayant pour but un spectacle. La main et l'œil œuvrent de conserve. Leur travail combiné permet le déroulement fluide des évènements. Face à la machine, le joueur se fait l'opérateur de son propre divertissement.
Une soumission récompensée, p. 12-13
Le jeu vidéo est un rêve de manager.
Plus le joueur obéit aux stimulations du programme, plus il se conforme sans retard aux ordres de la machine, plus il contraint ses gestes à suivre la cadence imposée et plus son personnage triomphe. Le héros qui le représente accumule les victoires et multiplie les exploits. Autrement dit, plus l'avatar est libre, plus le joueur est esclave. En jouant à un jeu vidéo, on échange une soumission réelle contre une liberté simulée.
Le jeu vidéo tire parti de cette disjonction entre la vie et l’image, la réalité et la représentation.