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Citation de Charybde2


Léa plonge, saisit l’homme par le bras, repousse des pieds contre le fond de la piscine et remonte à la surface.
Le monde explose. Un maître-nageur sur le bord de la piscine crie et lui fait signe de s’approcher.
Léa tient l’homme entre ses bras et bat des jambes pour rester à flot. Le corps de l’homme est léger. Sa peau, caoutchouteuse. Il est vieux.
Elle ne s’approche pas du bord de la piscine.
La tête de l’homme repose contre son épaule. Ses yeux sont bleus mouchetés de gris. Il a une coupure de rasoir sur la joue gauche, près de l’oreille.
– Par ici !
Elle imagine l’homme un peu plus tôt ce matin-là. Il se rase devant le miroir, la radio est allumée, la nuit est noire à la fenêtre, il écoute vaguement les nouvelles et ressent la légèreté de ceux qui se réveillent avant la ville qui dort encore. À l’aube tout le monde est pionnier.
Le visage du maître-nageur est rouge.
À travers le haut-parleur de la piscine, une femme ordonne aux nageurs de sortir de l’eau, un accident a eu lieu, tout le monde doit quitter le bassin immédiatement.
Un téléphone sonne quelque part dans le bâtiment.
Léa bat des jambes et porte l’homme contre elle. La peau de l’homme est froide contre la sienne mais elle ne ressent ni dégoût ni peur. Elle éprouve quelque chose qui n’a ni forme ni nom, qui n’a jamais été là et qui l’habite maintenant.
Léa regarde le mur en brique qui surplombe le bassin. L’horloge indique sept heures dix-neuf.
Elle entend la voix d’une femme dans les escaliers qui mènent au bassin. « Il est mort », dit la femme.
Léa serre l’homme contre elle et bat des jambes.
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