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3.64/5 (sur 37 notes)

Nationalité : Irlande
Né(e) le : 4/06/1970
Biographie :

Dov Lynch est un diplomate, essayiste et romancier irlandais, spécialiste des questions de sécurité internationale.

Chercheur postdoctoral à l'Institut d'études de sécurité de l'Union européenne de 2002 à 2006, il se spécialisé dans les relations UE-Russie, les questions de sécurité en Russie et en ex-URSS et de la politique européenne pour la région.

Son premier roman, "Mer Noire" est publié chez Anacharsis en 2015 et raconte l'histoire d'un ancien membre de l’IRA, qui part à la recherche de son frère en entreprenant un périple initiatique à travers l’Europe de l’Est. Son deuxième roman, "Hauts-fonds", narre l’histoire d’un ex-policier de retour des camps de la mort dans la Vienne des années 1945.


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Le jeudi 31 mai 2018, la librairie Charybde (129 rue de Charenton 75012 Paris - www.charybde.fr ) avait la joie d'accueillir Dov Lynch à l'occasion de la parution de son deuxième roman, "Hauts-fonds", aux éditions du Seuil.


Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
– Il est docteur en sciences, dit la femme après un moment. C’est un spécialiste de la biologie marine. Avant la guerre, il était le plus jeune professeur nommé à la Faculté.
Elle parlait de l’homme qui venait de quitter la salle.
– Il connaît cette mer par cœur. Avant la guerre, les dauphins venaient jusque dans la baie. C’était une ville tranquille, ouverte à tous. Juifs, Grecs, Géorgiens, nous avons toujours vécu ensemble. La guerre a tout changé, c’est normal avec ce qu’ils font. Ils disent qu’ils veulent nous jeter à la mer.
Elle s’arrêta, surprise d’avoir autant parlé.
– Il n’y a presque plus de Grecs dans la région.
Elle examina son visage avant de continuer.
– Beaucoup sont partis en 1975 comme ta mère, c’était pendant un moment de répit de la guerre froide. Puis au début de cette guerre, la Grèce a envoyé trois navires de la marine pour rapatrier toutes les personnes d’origine grecque qui le souhaitaient. Beaucoup sont partis, c’est normal, tout le monde voulait fuir la guerre. En même temps, cela n’avait aucun sens, car cette terre leur appartient aussi. Soukhoumi a été fondée par les Grecs il y a vingt-cinq siècles. Ils sont ici depuis toujours, depuis Jason et les Argonautes. Toute cette histoire commence ici, avec eux.
…………………….
« Il traversait le continent comme s’il connaissait déjà le chemin, voyageant au rythme du train, entraîné dans son mouvement, calfeutré dans le bruit des moteurs. Au fil des kilomètres, il avait l’impression de découvrir une nouvelle géographie du continent, une géographie mobile, comme si la terre n’était plus fixe, qu’elle évoluait au fur et à mesure qu’il avançait. »
………………….
« Il quitta la cabine et remonta sur le pont. Dans l’obscurité, la terre, les montagnes et les plaines n’existaient plus, la nuit et la mer habitaient seules le même monde impraticable. »
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Les sirènes résonnèrent à nouveau. Les bombardiers repassèrent, les canons antiaériens martelèrent le ciel. Les bombes sifflaient, les explosions fracassaient la nuit en déferlements énormes de bruit et de chaleur. Un bâtiment près du commissariat fut touché. Le sol trembla, la table s’en alla buter contre le mur. Klem entendit dans le couloir une armoire ou une étagère s’écraser au sol.
Il ne bougea pas. Il savait ce qu’il devait faire. Attendre, respirer en comptant jusqu’à dix, respirer, compter jusqu’à dix, attendre la fin du raid.
Rudi avait raison. Il n’aurait pas dû survivre.
Il avait passé dix-huit mois dans ce camp et en était sorti vivant.
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L’homme échangea quelques mots avec la femme et quitta la salle. La femme expliqua qu’il allait essayer de trouver une trace de son frère.
Ils attendirent en silence. La nuit tombait par la fenêtre. La ville semblait diminuée, recroquevillée devant l’étendue de la mer. L’horizon était sombre, strié de lignes orange.
– Il est docteur en sciences, dit la femme après un moment. C’est un spécialiste de la biologie marine. Avant la guerre, il était le plus jeune professeur nommé à la Faculté.
Elle parlait de l’homme qui venait de quitter la salle.
– Il connaît cette mer par cœur. Avant la guerre, les dauphins venaient jusque dans la baie. C’était une ville tranquille, ouverte à tous. Juifs, Grecs, Géorgiens, nous avons toujours vécu ensemble. La guerre a tout changé, c’est normal avec ce qu’ils font. Ils disent qu’ils veulent nous jeter à la mer.
Elle s’arrêta, surprise d’avoir autant parlé.
– Il n’y a presque plus de Grecs dans la région.
Elle examina son visage avant de continuer.
– Beaucoup sont partis en 1975 comme ta mère, c’était pendant un moment de répit de la guerre froide. Puis au début de cette guerre, la Grèce a envoyé trois navires de la marine pour rapatrier toutes les personnes d’origine grecque qui le souhaitaient. Beaucoup sont partis, c’est normal, tout le monde voulait fuir la guerre. En même temps, cela n’avait aucun sens, car cette terre leur appartient aussi. Soukhoumi a été fondée par les Grecs il y a vingt-cinq siècles. Ils sont ici depuis toujours, depuis Jason et les Argonautes. Toute cette histoire commence ici, avec eux.
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Léa faisait partie de ce qu’on appelait le personnel national, embauchée sur un contrat local. Cela signifiait qu’elle était moins bien payée que le personnel international et qu’elle resterait dans le pays lorsque la mission se terminerait. Ils étaient huit dans l’équipe des conducteurs, tous originaires de Paris. Ils conduisaient les 4 x 4 qui emmenaient les officiers de la mission internationale en patrouille. Les officiers, eux, venaient de toutes les régions du monde. De ce que Léa avait pu comprendre, ils passaient d’une mission à une autre sans particulièrement se soucier du pays dans lequel ils travaillaient. Les salaires étaient élevés et non imposables, et c’était une façon de voir le monde.
Après le premier mois les 4 x 4 avaient été renforcés pour résister aux tirs et aux mines. Ils pesaient près de trois tonnes maintenant. Les patrouilles sortaient en convois de deux véhicules à la fois pour une durée de cinq heures. Ils travaillaient six jours par semaine, avec un jour de repos. Léa dormait dans une chambre sur la base quand elle était de service. Elle était la seule femme de l’équipe. Travailler pour la mission était dangereux mais c’était bien payé. Surtout, elle aimait conduire les 4 x 4. Fabriqués en Afrique du Sud, ils étaient lourds, inconfortables, difficiles à manier, et c’était ce qu’elle aimait, leur poids, les relents de diesel, l’inconfort du casque et du gilet pare-balles qu’elle portait à tout moment.
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Léa plonge, saisit l’homme par le bras, repousse des pieds contre le fond de la piscine et remonte à la surface.
Le monde explose. Un maître-nageur sur le bord de la piscine crie et lui fait signe de s’approcher.
Léa tient l’homme entre ses bras et bat des jambes pour rester à flot. Le corps de l’homme est léger. Sa peau, caoutchouteuse. Il est vieux.
Elle ne s’approche pas du bord de la piscine.
La tête de l’homme repose contre son épaule. Ses yeux sont bleus mouchetés de gris. Il a une coupure de rasoir sur la joue gauche, près de l’oreille.
– Par ici !
Elle imagine l’homme un peu plus tôt ce matin-là. Il se rase devant le miroir, la radio est allumée, la nuit est noire à la fenêtre, il écoute vaguement les nouvelles et ressent la légèreté de ceux qui se réveillent avant la ville qui dort encore. À l’aube tout le monde est pionnier.
Le visage du maître-nageur est rouge.
À travers le haut-parleur de la piscine, une femme ordonne aux nageurs de sortir de l’eau, un accident a eu lieu, tout le monde doit quitter le bassin immédiatement.
Un téléphone sonne quelque part dans le bâtiment.
Léa bat des jambes et porte l’homme contre elle. La peau de l’homme est froide contre la sienne mais elle ne ressent ni dégoût ni peur. Elle éprouve quelque chose qui n’a ni forme ni nom, qui n’a jamais été là et qui l’habite maintenant.
Léa regarde le mur en brique qui surplombe le bassin. L’horloge indique sept heures dix-neuf.
Elle entend la voix d’une femme dans les escaliers qui mènent au bassin. « Il est mort », dit la femme.
Léa serre l’homme contre elle et bat des jambes.
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Klem et le capitaine américain s’étaient regardés en silence un moment, toujours debout au milieu de la pièce, puis Klem s’était présenté. Klemens Steiner, quarante-cinq ans, de nationalité autrichienne, résidant à Vienne. Il avait sorti son document de dénazification. Le capitaine américain l’avait arrêté en disant qu’il n’en avait pas besoin. Il ne voulait pas savoir ce que Klem avait fait pendant la guerre, mais comment il avait quitté Vienne quand la ville tombait. C’était tout ce qui l’intéressait. Il voulait toute l’histoire, de son départ de Vienne jusqu’à son arrestation par les forces américaines près de la ville de Passau.
– C’était bien à Passau ?
Klem n’avait pas répondu. L’Américain devait savoir exactement où il avait été arrêté.
L’Américain avait approché une chaise, ils s’étaient assis, leurs genoux si proches qu’ils se touchaient presque, et Klem avait commencé à parler. Il avait commencé par le jour où ses mains avaient tremblé, quand il était retourné au commissariat de police pour la première fois après avoir été libéré du camp. L’Américain l’avait écouté sans l’interrompre. Il avait écouté en fumant une cigarette après l’autre, examinant le visage de Klem comme s’il cherchait à en mémoriser les contours. Klem avait parlé, les mots étaient venus et les souvenirs aussi. Il se souvenait de la faim et de la peur, et de la certitude qui les habitait tous que la fin approchait, que tout allait enfin finir.
Pourquoi l’Américain voulait-il entendre son histoire ? Des milliers de personnes avaient fui Vienne dans les derniers jours de la guerre.
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Il ouvrit la porte d’entrée et emprunta un passage en planches posées sur les décombres. Tous les bâtiments de la rue avaient été touchés par les raids aériens. La pharmacie était en ruines. Les fenêtres des laboratoires de l’université étaient noircies par le feu. Les deux autres bâtiments étaient des amas de briques et de moellons, de métal noirci et tordu, charpentes à découvert. Un mur en pierre tenait encore debout. Ici et là pointaient des meubles indemnes, une baignoire, une armoire à la porte battante. Seul son immeuble n’avait pas été touché.
Trois camions passèrent lentement. Dans le dernier, il aperçut un soldat. La quarantaine, maigre, le visage gris, fermé. Un homme comme lui.
Vienne avait été déclarée ville forteresse. Tous les hommes avaient été appelés pour repousser l’offensive russe.
Sur la route qui menait vers le centre, il prit le tram qui coupait le boulevard et entrait dans la vieille ville. Il descendit devant la caserne des pompiers et traversa la rue.
La galerie marchande brûlait dans la rue piétonne. Deux grands panaches de fumée noire jaillissaient des fenêtres ouvertes au dernier étage. Les gens se bousculaient à l’entrée, des hommes essayaient de se frayer un passage à travers la foule, tenant au-dessus de leurs têtes des cabas remplis de marchandises volées.
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Léa frappe à la porte et entre dans le bureau.
L’officier fume une cigarette à la fenêtre.
C’est neuf mois plus tard, Paris est scindée en deux, la rive droite est passée hors du contrôle du gouvernement. Une mission internationale de stabilisation a été déployée le long de la Seine. Il est interdit de fumer à l’intérieur.
L’officier s’approche de Léa. Ils se serrent la main. La main de l’officier est chaude. Ils s’assoient, l’officier en face de Léa, derrière le bureau.
– Je m’appelle Timo, je suis grec, dit-il en souriant. Je sais, ce n’est pas un secret.
Il parle français avec un accent.
– C’est Lejla, non, le prénom sur votre carte d’identité ?
Léa acquiesce.
– Vous préférez Léa ?
– C’est comme ça que les gens m’appellent.
– C’est un plaisir de vous rencontrer, Léa.
– Pareillement.
Léa connaît l’officier grec de vue. Ils ne sont pas si nombreux sur la base. L’officier est affecté au Bureau politique et travaille directement avec le chef de la mission. On dit que c’est un espion. Les gens disent beaucoup de choses.
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Il traversait le continent comme s'il connaissait déjà le chemin, voyageant au rythme du train entraîné dans son mouvement, calfeutré dans le bruit des moteurs. Au fil des kilomètres, il avait l'impression de découvrir une nouvelle géographie du continent, une géographie mobile, comme si la terre n'était plus fixe, qu'elle évoluait un fur et à mesure qu'il avançait.
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Au guichet d’information, il apprit qu’un train partait en début de soirée pour la ville de Bourgas sur la mer Noire. Au port de Bourgas, il pensait pouvoir trouver une place sur un bateau pour traverser la mer et rejoindre la Turquie. De là, il espérait trouver un autre passage par bateau vers Soukhoumi.
Il attendit sur un banc dans le hall central de la gare à côté de trois femmes, entourées par un tas de sacs emplis de commissions. Elles portaient des fichus sur la tête et parlaient une langue qu’il ne connaissait pas.
Il traversait le continent comme s’il connaissait déjà le chemin, voyageant au rythme du train, entraîné dans son mouvement, calfeutré dans le bruit des moteurs. Au fil des kilomètres, il avait l’impression de découvrir une nouvelle géographie du continent, une géographie mobile, comme si la terre n’était plus fixe, qu’elle évoluait au fur et à mesure qu’il avançait.
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