Citations de Edgar Kosma (45)
Est-il possible de produire un nombre illimité d'oeuvres avec un nombre illimité de mots ? D'une certaine manière, il semble bien que oui : il suffit de regarder les tonnes de productions littéraires qui engloutissent nos bibliothèques avec seulement ving-six lettres différentes.
Si - un - on considère un livre comme un ensemble de mots et que - deux - on connaît l'ensemble de ces mots - trois - il n'y a aucune raison valable que nous ne soyons pas capables d'écrire ce même livre. Après, ce n'est qu'une question d'ordre et d'assemblage.
Entre l'instant où il a éprouvé le besoin de connaître l'heure et celui où il la découvre, la trotteuse a déjà pivoté de quelques millimètres sur le cadran et, lorsqu'il constate qu'il est presque treize heures et trentes minutes, un "Déjà!" sort de ses orifices naso-buccaux.
Même si les choses nous SEMBLENT parfois relatives, il n'est pas très exact de dire que tout EST relatif. Cela n'a pas beaucoup de sens, car les choses sont relatives ENTRE ELLES, et non de manière aboslue.
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"Tout est relatif" est un pur non-sens. Ce n'est rien moins que le paradoxe de la relativité absolue,
Cette durée se mesure, de manière relativement précise, à l'élargissement considérable de l'angle formé par les déjections photoniques du soleil sur le sol.
Après avoir repoussé un paquet de cigarettes sans y avoir pioché quoi que ce soit, bu deux cafés décaféinés et mangé quatre tranches de pain aux six céréales, il se lève, range la table, s'abaisse, accomplit huit pompes, se relève, respire profondément, effectue seize pas, ouvre la porte qui délimite le territoire de son bureau, et y pénètre.
Une question n'a nul besoin de réponse pour exister.
L'intensité de ces brefs effleurements annihilait toute distinction entre le léger et le sérieux, mettait tout entre parenthèses. Même et surtout le temps.
... la puissance de la banalité triomphait et la banalité menait au silence.
Car le hasard ne connaît pas le temps et a la prétention, que personne ne lui revendique, de pouvoir frapper quand bon lui semble.
Imperceptible transversalité des générations : si, d'un point de vue horizontal, chaque être humain fait partie de l'humanité, d'un point de vue vertical, l'humanité fait partie de chaque homme.
Cela signifie aussi qu'il vit perpétuellement face au choix suivant : se séparer de son existence au moment où il le décide ou attendre que la mort vienne l'en déposséder au moment qu'elle trouvera opportun.
L'inacceptable condition de l'Homme - qu'il est cependant contraint d'accepter s'il veut vivre - consiste à ne pas toujours exister et, surtout, à ne pas exister de manière absolue. Pour ceux et celles qui, durant une période d'une durée relative, sont violemment projetés dans un monde sans qu'on leur ait demandé leur avis, entre le suicide et la mort involontaire, il n'existe aucune alternative.
À la fin du dernier slow, je suis parti pisser. En traversant la piste, j'ai cherché Nancy du regard mais je ne l'ai aperçue nulle part. Cela faisait d'ailleurs un bon moment que je ne l'avais plus vue. Le DJ a lancé un tube de la Compagnie créole et tout le monde s'est mis à crier en levant les bras. Y'en avait même déjà un qui essayait de former une farandole mais les autres semblaient lui faire comprendre qu'il était trop tôt.
La fille semble attendre une réaction de ma part. Ne sachant trop que faire, ni quoi lui dire, je l'embrasse rapidement. Cela me laissera du temps pour réfléchir. Ses lèvres sont chaudes, son parfum enivrant. Plutôt que de réfléchir, je glisse ma main sous sa robe et constate, avec extase et confusion, qu'elle ne porte ni culotte ni string. Est-ce intentionnel ou le fruit d'un oubli ? Ai-je moi-même déjà oublié un seul jour de mettre un slip ? Hommes et femmes ne sont décidément pas produits dans le même moule.
Mais pourquoi l'autorisé-je à prendre son temps ? Plutôt que de m'en aller, vu mais inconnu, je retire ma veste, m'assois dans le divan et sifflote le premier air qui me passe par la tête. Je fais souvent ça quand je suis mal à l'aise. C'est plus fort que moi.
Au-dessus de moi, une meute de mouettes rieuses tournoie. Leurs ricanements sont comme des couteaux aiguisés lancés vers moi. Combien de temps s'est écoulé ? Je me lève. À quelques pas, un jeune garçon vise les volatiles avec un boomerang. J'observe cette scène d'un mauvais œil et, plutôt que de m'en mêler, m'en éloigne prudemment. Étourdi par l'appel langoureux de la mer.
« Quelle journée de merde ! », m'exclame-je, à voix haute, comme si un petit être immatériel pouvait m'entendre. S'il existait, encore faudrait-il qu'il soit doté de petites oreilles immatérielles, que ces petites oreilles immatérielles soient en bon état de fonctionnement, qu'il écoute et que ça l'intéresse. Pas gagné, donc.
J'en suis à me badigeonner les joues de mousse à raser, tout en chantonnant un passage aléatoire du Bal masqué de la Compagnie créole, et tandis que j'en suis presque à « Napoléon », on sonne à la porte. « Merde ! », me dis-je, en lieu et place de « Bécassine ».
Je veux voir des bêtes plus grosses, des bêtes qui ne passent pas à travers le grillage. Ce serait con d'être venu à pied jusqu'ici pour n'avoir vu que des petites bêtes. Des petites bêtes, y'en a partout. Parfois même au bureau. Mais des grosses bêtes, y'en a qu'ici. C'est pour ça que je suis là.