La guerre a ceci de particulier qu’elle vous empêche de faire des projets à longue échéance, qu’elle interdit d’échafauder l’avenir et ne permet de vivre que dans le présent, à la rigueur dans l’immédiat. Ce qui, pour certains, est tragique. [...] Pour moi, je me réjouis de cet état de chose. En période normale, ma liaison avec François me remplirait d’effroi. Je tremblerais qu’elle ne durât trop longtemps.
L'employé te sortit de ta glacière et tu m'apparus, toute raide, ton visage seul émergeant du drap blanc dans lequel on t'avait roulée.
Alors, j'ai jeté sur toi les vêtements prévus et je t'ai parlé, sans soucis des témoins.
Je t'ai dit: "Delphine Reffet, tu es morte. Tu as détruit papa, tu as tué Hélène, tu as dépouillé tes petites-filles jusqu'au dernier sou. Je te donne quand même une robe afin que tu ne partes pas toute nue, et je ne souhaite qu'une chose, une seule: ne pas m'en aller comme toi, sans que personne ne verse une larme."
"Veux-tu savoir ce que je te disais, chaque jour en hurlant?
Je te disais:
"Tu peux me remercier, Delphine Reffet, ma mère, tu peux me remercier, quand je t'ai retrouvée, morte, j'aurais dû te cracher à la figure. Tu le méritais. Mais je ne l'ai pas fait, je ne l'ai pas fait. Tu dois donc me dire merci.""
La vie ne peut pas être un éclat de rire sans fin.
Parce que l’amour, le véritable amour est fragile. Il exige qu’on se lance, corps et âme perdus, toutes amarres larguées, dans un monde mouvant. Chaque jour, les êtres se transforment. Moi. Lui. On se perd ; on se retrouve. Vraiment, comment-ose-t-on parler d’amour ?