Canaan d'exil
Frère, je suis d'ici :
tout poème s'inscrit
Dans la nuit de l'exil, sous un ciel solitaire,
Avec les souvenirs qui saignent sans un cri.
Je te rends aujourd'hui, miel amer d'une vie,
Ces mots simples, appris au collège avant-guerre :
Tout mêlés à la terre étrange, à la lumière
Et noircis dans le bois de l'automne à l'agonie,
À travers le Pays de l'attente sans fin
Ils se sont, comme moi, perdus jusqu'au matin (…)
(poème de Claude Vigée, 1962, publié dans « Le Soleil sous la mer », 1972)
[P. 73]