En exil (poème de K. Arthur Nortje)
Le ciel illimité flamboie suffisamment
pour me rendre mal à l'aise.
Des nuages s'étirent
et refont des dessins d'antan.
Le vent s'engouffre entre les tours
dans des tunnels neufs et anciens.
Mon cœur est labouré
par les bottes qui passent.
Je flotte dans mes habits
que le vent revenu agite.
Des feuilles, un bref paysage de rue,
et voilà que ressuscitent
le ciel bleu méridional, une journée
belle de vent : le paradis.
Autrement,
l'âme en exil dépérit.
L'homme à la peau foncée ne peut rien espérer.
Aussi, n'emprunte plus le bleu canal de la mémoire.
Sur le sable d'une dune,
j'édifie un tableau marin.
Les grains glissent et s'échappent,
jouets du vent ou de ma main.
Plein de bonté, un nuage
obscurcit le soleil, cette faim.
(traduction Jacques Alvarez-Péreyre, « Les Temps modernes » juin-août 1986)
[p. 133]