Editions Mosquito

Elle n'aimait pas le duc de Seyn : elle haïssait ses vieilles lèvres qui polluerait de baisers caducs sa chair adolescente. Comme un lys éclos de la dernière aube, elle redoutait la limace qui laisserait sur ses blancs pétales sa trace baveuse.

Gâteries touaregs
Chaque sieste, Adiza voulait à toute force me souffler dans le nombril, genre de distraction qui, je l'avoue humblement, m'était encore inconnu - les voyages instruisent.
Il paraît que les Touaregs, surtout les gens corpulents, sont très friands de ce petit exercice, principalement les jours de pluie, quand la famille enfermée sous sa petite tente de cuir ne sait plus quoi dire... Pauvre gens, ils connaissent si peu de choses !
Le père s'allonge sur le dos, découvre son ventre, et la mère humectant bien ses lèvres, les appuie sur le nombril de son mari, dans lequel elle souffle de toutes ses forces sans lâcher prise.
Ca fait un bruit épouvantable, un bruit de colique monstrueuse... Mais le père rit à gorge déployée au milieu des souvresauts de son ventre en délire, et les petits, amusés, battent des mains ! Toute la famille est contente. Quand le tonnerre cesse de gronder, quand la pluie et le vent font moins rage, on n'entend plus dans tout le désert rasséréné que des bruits de lèvres soufflant dans des nombrils !...
Sacré Mahomet ! Je ne sais pas si c'est lui qui a encore inventé cette cuisine, je l'ai vainement cherche dans l'Alcoran, mais ça ne m'étonnerait pas, car pendant qu"'on souffle dans des nombrils, on ne dit pas de mal de son prochain.