PAVANE DE L’AUTRE NATURE
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Aux paroles que je reçois de l’eau
La douceur exige qu’elles trempent
Dans les grandes fontaines murmurantes
Ou bien qu’elles se coulent sur mon bras
Comme le fleuve d’une terre aimée
Dans l’esprit des paroles divisées
D’avec le monde désert des passions
Que soulève l’irruption de la grâce
Je demande l’appui d’être soluble
Aux paroles tombées en poussière
Avec la ruine des siècles mangés
Par l’histoire à décliner les empires
Et rendre une justice ironique
Aux amours des bergères et des preux
Pour que leur chanson nous vienne en sabots
Secouant les paroles de poussière
Pour éclater de rire aux dialectiques
Je demande seulement qu’elles crèvent
Aux paroles qui coulent des nuages
En promenade aux baraques du ciel
Qu’on visite à la faveur des élans
Maniés par de grands diables d’archanges
Forains établis dessus la planète
Qui gravite en sa course leurs manèges
Ces paroles sont farine du cirque
Monté par hautes juments vaporeuses
Je demande d’ébranler le système
Aux paroles qui montent de la terre
Assoiffées par la récrimination
Tout aussi juste que prunes cueillies
Les paroles à goût de terre éteinte
Prennent aussi vite le frais du soir
Sur les pas des portes où sont assis
Les donneurs de conseils aux voyageurs
Qui s’en retirent comme d’Emmaüs
Je demande le respect de la terre
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