Un grand merci à Babelio et à Lansman Éditeur pour ce cadeau d'une pièce de théâtre à trois personnages : le Sans-pays, qui a voyagé dans un tronc d'arbre astucieusement agencé pour arriver en France (il sera rattrapé dans une usine de papier), Marie, son avocate Commise d'Office avec laquelle il va nouer une relation amoureuse et l'horrible Inspecteur de la Brigade des Refoulements qui veut l'expulser (y parviendra-t-il ?). Le ton est donné, il ne manque plus que d'y rajouter de multiples jeux de mots (en particulier dans les têtes de chapitres) façon scrabble (cf. la couverture), puis un autre jeu, de Monopoly cette fois.
La cruauté grandit peu à peu, inspirée hélas -en partie - de la réalité.
Je rêve de voir jouer cette pièce un de ces jours.
L'amour de la France exprimé par cet ingénieux Africain n'est pas vraiment payé de retour, mais...La fin nous laisse sur notre faim !
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Avec "Je déteste le théâtre", Edouard Elvis Bvouma parodie le seul en scène autobiographique. Il en profite pour tordre le cou à certains poncifs théâtraux et sociaux. Ce texte mériterait certainement d'être vu plus que seulement lu parce que le risque de ce genre de pastiche, c'est de devenir ce qu'on écrit :"Plus que tout, je déteste quand le théâtre s'invite au théâtre [...] J'en veux à tous ceux qui, par mime ou mimétisme, se font hermétiques." Parce que oui, on truffe un texte de référence (une soixantaine pour une quarantaine de pages), oui on fait référence à des pratiques théâtrales mais oui, on ne s'adresse qu'à un public conquis (dont je fais partie). Et c'est dommage, surtout pour les deux dernières parties qui ont une portée beaucoup plus politique. Portée qui aurait dû prendre le pas sur le reste du texte.
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Mais pourquoi ?
Chacun ses goûts, c'est évident ; et dans une époque où l'intolérance est de moins en moins tolérée, voyons voir ce que l'auteur a à reprocher au théâtre...
La réponse : pas grand-chose, ou pas tant de choses que ça, en tout cas. Pour la simple raison que même s'il dénonce quelques pratiques théâtrales contemporaines, il file en fait la métaphore sur le théâtre de la vie. Et là, il s'amuse à vider son sac !
Le problème, quand on parle (ou qu'on écrit) avec une certaine colère, quand bien même elle serait légèrement feinte, c'est qu'on a tendance à perdre le fil rouge de ses idées, on contrôle moins l'enchaînement de ses pensées qui s'expriment souvent comme elles arrivent. C'est un peu ce qui se produit avec ce texte, pourtant structuré mais qui divague selon l'esprit de l'auteur, sans que le lecteur puisse réellement se mettre à sa portée (est-ce à lui de le faire, du reste ?).
Il y a un sacré jeu de style littéraire dans ce - très - court récit qui, si l'on supprime les marges, les blancs, les lignes inachevées, se lit en bien moins de temps qu'il n'en faut pour commander l'ouvrage.
A appréhender, donc, sans avis préconçu, avec beaucoup de recul et en misant essentiellement sur ses capacités culturelles à retrouver quelques-uns des soixante titres insérés tout au long de la narration.
Maintenant, quitte à être l'apôtre de la détestation d'absolument tout ou presque, la question est de savoir si Edouard Elvis Bvouma oserait demander si son livre, on l'aime un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, ou... ?
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Voilà un petit ouvrage (45p) à lire et surtout à relire pour en saisir tout l'intérêt. Car comment imaginer qu'un metteur en scène et comédien puisse raisonnablement intituler son ouvrage "je déteste le théâtre", à moins d'y inclure une bonne dose d'humour, ou de dérision ou d'amertume ? A moins qu'il n'y ait une double lecture de ce titre ?
Et donc voilà, nous y sommes !
Car non, E. E. Bvouma ne déteste pas LE théâtre, mais plus exactement il dénonce certaines formes et pratiques théâtrales. Puis, bien au-delà du théâtre proprement dit, c'est le "théâtre de la vie" qu'il fustige en prolongeant sa réflexion.
Petit livre visuellement bien structuré en 7 fragments traitant du rôle du théâtre, de la vérité et de la non-vérité au théâtre, des figurants, du théâtre élitiste et de tous les poncifs inhérents au théâtre....du "théâtre dans le théâtre", mise en abyme d'autant plus jouissive et agréable à décortiquer qu'elle est émaillée de nombreux titres de pièces que l'on peut s'amuser à retrouver en cours de lecture.
Pour en arriver donc à la dualité théâtre et vie. Balzac n'a-t-il pas écrit "la comédie humaine "? le théâtre ne serait-il pas un miroir de la société ?
Paillettes et trucages du théâtre ne se retrouveraient-ils pas dans la société sous forme d'hypocrisie, convenances et mensonge social ?
Ainsi E.E. Bvouma se prend à rêver à la manière d'un M.L. King , d'un théâtre qui ré-enchanterait le monde et d'un monde qui prendrait conscience. D'un théâtre "service public", accessible à tous et d'un monde où passivité et intolérance feraient place à une réflexion sensée.
Bref, si vous aimez le théâtre, vous vous régalerez à la lecture de ce pamphlet, vif et spirituel; si vous ne l'aimez pas, vous y retrouverez certains de vos griefs ou préjugés à son égard; mais dans les 2 cas, vous devriez apprécier la forme ainsi que le prolongement plus politique que nous propose l'auteur.
Remerciements à Lansman Editeur et à Babelio pour la découverte de ce livre.
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Par amour de la France !
C'est avec plaisir que j'ai découvert cette courte pièce contemporaine et je remercie Masse Critique pour cela.
Avec un langage emprunt de poésie, l'auteur aborde le thème de l'immigration à travers trois personnages. Un sans-pays prénommé De Gaule, une commise d'office et un inspecteur de la brigade des refoulements. L'auteur joue avec les mots, en invente de beaux et nous fait réfléchir à ce qu'est "aimer la France". L'idée d'arriver clandestinement dans un tronc d'arbre est originale et j'ai beaucoup aimé la description de cette ingénieuse préparation à l'exil. L'utilisation du jeu de scrabble dans les échanges est aussi une belle trouvaille. Cependant, j'ai trouvé la tentative de séduction un peu attendue, et, j'aurai aimé que la pièce se poursuive un peu plus.
Je connaissais déjà l'éditeur Lansman et la qualité de son travail. J'ai découvert un auteur que j'aurai plaisir à relire.
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