Ce manuscrit trouvé dans le désert était ainsi fait, de pages de sable où les traces de pas s’estompaient sans cesse, où la trame de l’Histoire était tissée dans le plus magique des désordres, toute de nœuds imprévus et de motifs spéculaires, et les ombres sacrées de la foi y étaient tantôt allongées, tantôt raccourcies, par un soleil agité et une lune capricieuse.
Car dans cette Bible, la plus antique de toutes, le paradis n’était jamais du bon côté du fleuve, ce n’était jamais le bon peuple qui le cherchait, jamais le prophète attendu qui le prêchait, et les événements historiques s’y déroulaient toujours avant ou après le moment fixé par l’Histoire, à moins qu’ils n’aient tous lieu en même temps.
Une telle confusion vous engourdissait, vous plongeait dans une perplexité annonciatrice de démence. Un texte circulaire, une antichronique, calmement contradictoire, suggérant l’infini.