J’observai et ne vis rien d’autre qu’une route étroite flanquée de chaque côté par une forêt d’arbres nus. Après avoir gravi une colline, nous aperçûmes le panneau « Terrequifume ». À gauche, je reconnus le long mur en pierres du cimetière qui mène au bourg, ensommeillé à cette heure avancée. Les rues étaient désertes. Les phares du taxi balayèrent un morceau de peinture bleue, vague relent d’un parfum d’enfance, puis la voiture se gara devant un haut portail noir en fer forgé, bordé d’un portillon du même style.
Je marche dans la forêt. Je me retrouve dans un endroit où de très vieux arbres montent vers le ciel. Les troncs gris et lisses s’élèvent si haut et leurs branches sont si longues que les feuilles jaunes d’or couvrent tout le ciel. Les arbres n’ont pas de racines, mais de la mousse verte couvre leurs pieds, comme des socquettes vives passées sur des pattes d’éléphants. Des feuilles mortes tapissent le sol, créant un patchwork moelleux d’orange et d’ocres.