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Citation de rkhettaoui


Elle était une femme âgée – en tout cas, à mes yeux de fille de treize ans – et moi une adolescente : il y avait trop de disproportion entre nos corps, et trop d’années séparaient mon visage du sien. Et puis, où se cachaient en moi l’énergie et la chaleur qui enflammaient son regard ? S’il était vrai que je prenais les traits de Vittoria, il me manquait l’essentiel, sa force. Emportée par le flot de mes pensées, alors que je comparais ses sourcils aux miens, son front au mien, je m’aperçus que je désirais qu’elle m’ait véritablement offert un bracelet, et je me dis que si, en ce moment, je l’avais possédé et porté, je me serais sentie plus puissante.Cette idée me causa aussitôt une sensation de chaleur qui me fit du bien, comme si mon misérable corps avait soudain trouvé le bon médicament. Certaines paroles que Vittoria m’avait adressées avant que nous nous séparions, quand elle m’avait raccompagnée à la porte, me revinrent à l’esprit. Elle s’était énervée : Ton père t’a privée d’une famille nombreuse, il t’a privée de nous tous, tes grands-parents, oncles, tantes, cousins, qui ne sommes pas aussi intelligents et éduqués que lui ; il nous a retranchés d’un coup de hache et il t’a imposé de grandir isolée, par peur que nous te gâchions. Elle respirait la haine et pourtant ses mots, comme je me les remémorais, m’apportaient du soulagement, et je ne cessai de me les répéter. Ils affirmaient l’existence d’un lien fort et positif, ils réclamaient ce lien. Ma tante n’avait pas dit : Tu as mes traits et tu me ressembles un peu.
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