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Citation de Deslivresetlesmots


Tel que nous la pratiquons aujourd’hui, la domestication témoigne aussi à maints égards d’une véritable régression morale, car, loin d’améliorer les animaux, nous les avons enlaidis, avilis, corrompus. Nous avons pu, il est vrai, par le choix des sujets, augmenter dans l’animal telle ou telle qualité de force, d’adresse, de flair, de vitesse à la course, mais en notre rôle de carnassiers, nous avons eu pour préoccupation capitale d’augmenter les masses de viande et de graisse qui marchent à quatre pieds, de nous donner des magasins de chair ambulante qui se meuvent avec peine du fumier à l’abattoir. Pouvons-nous dire que le cochon vaille mieux que le sanglier ou la peureuse brebis mieux que l’intrépide mouflon ? Le grand art des éleveurs est de châtrer leurs bêtes ou de se procurer des hybrides qui ne peuvent se reproduire. Ils dressent les chevaux « par le mors, le fouet et l’éperon », et se plaignent ensuite de ne pas leur trouver d’initiative intellectuelle. Même quand ils domestiquent les animaux dans les meilleurs conditions, ils diminuent leur force de résistance aux maladies, leur puissance d’accommodation à de nouveaux milieux, en font des êtres artificiels, incapables de vivre spontanément dans la nature libre.
Élisée Reclus, « La grande famille » dans Le Magazine international, 1897, p. 107-108
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