J’ai remisé tout le bazar de la tante dans la cuisine, puisque vous faites que traverser, c’était là qu’elle faisait son manger, accroupie comme les vieux dans le temps. Il faudrait jeter tout ça ou le ranger, mais mon mari, vous savez, pour le remuer ; c’est pas la bonne volonté qui manque, seulement, si ce sont des choses minimes, si ça lui presse pas au derrière, on peut rien en tirer.
Je m’en suis pas méfiée tout de suite qu’il me manquait des poules, chez nous elles voyagent, on les laisse aller. Mais, au moment de la Saint-Michel où on en vend, quand j’ai été pour les attraper, j’ai bien vu que j’avais pas mon compte.
Quelle histoire ! Celle-là, je me la souviendrai toute ma vie. Aussi, c’est toujours la même chose avec ces bêtes ; comme je dis : qu’on garde les bonnes et les autres qu’on peut rien en tirer, quel avantage de les nourrir ? Y a que de s’en débarrasser, une bonne fois pour toutes. La bique était vieille, et mauvaise, ça, alors, c’était quelque chose. On aurait dit qu’elle cherchait qu’à mal faire. Les chèvres, elles sont toutes un peu comme ça, malignes, mais cette-ci, c’était une masque.
[...] c’était un bon commis, on en trouvera jamais le pareil, pour la garde c’était un as, il aimait s’occuper des bêtes, la chienne connaissait que lui ; non, c’est histoire des voisins ; si c’est pas malheureux, on peut pas croire ce que le monde est méchant, pourtant on est pas nombreux, c’est pas un bien gros pays, on se connaît tous, et ils sont là à vous épier, à vous jalouser, ils trouvaient que Julio, chez nous, il en faisait trop, c’est ça, vous comprenez.