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Citation de ClaraAnna


Il y avait une foule dans la rue qui mène au collège. 
Une foule compacte, interminable, rassemblée sous les arbres. 
C'était comme une armée.
Des jeunes, comme moi, mais aussi des adultes. 
Et cette foule m'attendait. 
Moi - Dorothy Counts.
Me fixant avec haine : comme dans mon cauchemar.
Et là, une femme brune, en robe blanche, avec un rouge à lèvres très rouge, écarlate, s'est mise à hurler ! 
En pointant son doigt vers moi. 
J'ai vu un désir de mort sur son visage, dans tout son corps tendu, crispé par la haine. 
Son doigt était un revolver chargé, prêt à tirer. 
Je n'oublierai jamais cette scène, ni sa voix, ni sa bouche couleur sang.
Ce n'était pas une voix de femme, mais un jappement de chien humain, un hurlement de haine.
- Les filles, crachez-lui dessus ! Et  les garçons, bloquez-la ! Empêchez-la d'entrer !
Et là, tous se sont mis à hurler. Toute la meute.
Je me suis figée un instant -dans ma tête je chantais toujours : la voix de Rosetta résonnait en moi, de plus en plus lointaine, une flamme qui vacille dans la tempête, une petite flamme qui tremble, et renaît... Je ne voulais pas leur montrer ma peur, surtout pas !
J'ai avancé, malgré les cris, et les crachats, qui souillaient ma belle robe à carreaux bleue. 
J'avançais. Au fond de moi je tremblais, de la tête au pied, mais ça ne se voyait pas. 
Juste quelque pas encore, pour tenter de parvenir jusqu'à la porte... Les crachats des filles, les mains crochues des garçons, agrippées à mes bras, mes épaules...
Et moi j'avançais : un navire en pleine tempête, mais qui maintient son cap... Je ne sais pas d'où je tirais cette force.
Je ne voulais pas leur montrer ma peur.
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