Elise Ropers

Relecture.



J'ai lu ce livre pour la première fois lorsque j'étais au collège dans le cadre d'une lecture libre, je me rappelle en avoir fait un retour dithyrambique. Je trouvais intéressant de le relire aujourd'hui avec un regard d'adulte et d'observer si mon opinion différait.



Il s'agit du témoignage d'Elise Ropers qui a passé six années à l'école de danse et seize dans le corps de ballet. Le livre s'ouvre sur le souvenir de son premier défilé en 1979, moment inoubliable pour une enfant de onze ans que de déambuler sur la scène mythique du Palais Garnier sur la musique des Troyens à Carthage de Berlioz.



Née en 1968 à Saïgon pendant la guerre du Vietnam, elle quitte le pays alors qu'elle n'a que deux mois avec sa famille qui s'installe à Saint-Germain-en-Laye. Elle intègre l'école de danse, qui à l'époque n'était pas encore installée à Nanterre mais au Palais Garnier. L'auteure décrit son quotidien de petite fille, la tyrannie exercée par la direction et certains professeurs : l'interdiction de boire de l'eau pendant l'effort, les remarques acerbes et dégradantes auxquelles elle a été confrontée pendant son apprentissage et après son entrée dans le ballet.



Malgré ce quotidien difficile, elle retranscrit également de beaux souvenirs tels que le plaisir d'évoluer au sein du somptueux palais Garnier, sa rencontre avec Gene Kelly lorsqu'elle était encore petit rat, la gentillesse de Claire motte en troisième division, de Michael Denard ensuite.



Elle entre dans le corps de ballet en 1985, dont le talentueux Noureev a pris la direction en 1983. Le bras droit de ce dernier est un véritable "tyran à l'ancienne". Durant toute sa carrière, elle reste au rang de quadrille. Mesurant 1m73 pour 48kg, on ne cesse de lui répéter qu'elle doit perdre quelques kilos.



L'auteure parle des conséquences de cette rigidité et de ces abus psychologiques sur sa construction personnelle et sa vie privée, la dépendance affective contre laquelle elle a dû lutter. Devenue mère, elle apprend à s'aimer à s'entourer des bonnes personnes. Elle quitte l'institution et enseigne aujourd'hui la danse avec bienveillance.



J'en connais beaucoup plus sur le sujet que lors de ma première lecture. Pourtant, j'ai apprécié relire ce livre. Ce témoignage est accessible à tous et n'est pas réservé aux connaisseurs du milieu. La personnalité d'Elise Ropers me touche. Un ouvrage qui se construit comme une thérapie et non dans un esprit de vengeance, qui s'attache à dénoncer les abus pour que cela cesse.



Ce livre a été écrit à l'issue d'un rapport paru en 2002 intitulé "Souffrance au travail et harcèlement moral à l'Opéra national de Paris", réalisé à la demande du CHSCT. Vingt ans plus tard, les choses ont évolué fort heureusement, mais certaines restent encore d'actualité (notamment la hiérarchie et les concours de promotion, le rôle ingrat des remplaçants...).

Vraiment décevant. Je souhaitais lire ce livre car j'adore la danse. Je l'ai pratiquée, je vais voir de nombreux spectacles surtout contemporains mais je reste toujours attachée au classique ou néoclassique. Suivre cette danseuse à travers 6 années d'école de danse à l'0péra de Paris puis 16 ans dans le corps de ballet m'enthousiasmait... Hélas peu de danse. Une énumération bien sûr de ballets classiques, de danseurs étoiles, de chorégraphes sans pour cela entrer dans la danse. Elise Ropers témoigne de sa vie de petit rat ou de danseuse de corps de ballet à travers ses souffrances physiques et psychologiques, affirme avoir été harcelée, avoir subi des actes malveillants de la part de différents membres qui font l'Opéra de Paris. Etre danseuse professionnelle oblige à certains sacrifices assurément mais d'autres métiers sont ingrats également. En tout cas je n'étais pas disposée à ce que ces grands noms de l'Opéra soient mis en accusation, même si certains sont honorés plutôt qu'accablés. Ces jugements m'ont beaucoup génée.