AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de VALENTYNE


Incipit :
L’Hermitage, 24 août 1944
Marianne court sur la route de l’Ecarris. Ses pieds la font souffrir, des poumons la brûlent. Derrière elle gronde la rumeur de la foule à ses trousses. Ils sont une vingtaine, peut-être davantage. Au début, ils étaient plus nombreux mais certains, les gamins les plus jeunes, les vieilles, les mères avec leur bébé, ont fini par battre en retraite. La plupart de ces gens connaissent Marianne, au moins de vue, mais leur acharnement en est décuplé. Elle revoit leurs visages enflammés par la haine. Leurs gueules ouvertes, prête à mordre. Leurs hurlements de bêtes. Ces cris de la meute, quand elle s’embrase. Une rancœur du fonds des âges, du fonds des tripes.
Ils rugissent et elle fuit. Heureusement elle est solide. Endurante à l’effort. A la peine. Dans sa course effrénée , elle perd une chaussure. Cette fraction de seconde peut lui coûter sa superbe, et bien davantage – leur rêve de départ, leur voyage au bout du monde, là où leur amour ne sera plus interdit. Alors, même si elle manque de se tordre la cheville, elle se rétablit et court de plus belle, l’un de ces pieds désormais nu. Ce moment de défaillance a permis à ses assaillants de se rapprocher. Ils la talonnent. Ils vont la toucher. L’agripper. La tordre. Heureusement qu’ils vomissent leur amertume, cela leur fait perdre du temps. Ils s’essoufflent, la colère les consume.
Son pied nu se heurte contre une pierre. Elle ravale un sanglot. Elle ne leur donnera rien. Ni sa fierté ni sa toison . Si elle se demandait pourquoi elle court, elle s’arrêterait sans doute. Elle les laisserait venir et se jeter sur elle. Elle les laisserait la saisir et la tondre.
Commenter  J’apprécie          00









{* *}