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Citation de enkidu_


Le samâ’ avec chant de poèmes, parfois jeu d'instruments et souvent danse extatique, deviendra l'un des moyens favoris de réalisation mystique, l'un des principaux objets des réunions dans les confréries çoufies. Dzoû'l Noûn en est, semble-t-il, l'un des premiers responsables.

Sans doute ce samâ’ du ix siècle n'était-il pas systématiquement organisé comme il le fut plus tard, aux temps d'al Ghazalî, d'al Rifâ'î et d'al Roûmi (xi-xiii siècles) et comme il se pratique de nos jours chez les Mevlévis d'Orient et les Derqawa du Maghreb ; mais il semble bien que la troupe des disciples d'al Miçri (doué lui-même, nous l'avons vu, d'une belle voix) comportait un ou plusieurs chanteurs (qawwal). A certains moments l'état extatique (hâl) et la rapture (wajd) étaient provoqués parmi eux par l'audition de la musique et des poèmes. La musique était pour eux l'écho de la Parole primordiale dite par Dieu aux esprits encore dans les reins d'Adam, quand il leur demanda : « Ne suis-je pas votre Seigneur ? » et qu'ils répondirent : « Si ». Pacte solennel, covenant, mîtsâq, dont l'écho bruissait encore aux oreilles de Dzoû'l Noûn. La méthode des çoufis n'avait-elle pas au reste comme but de restaurer l'état primordial adamique, point de départ de la conquête des états suprêmes de l'Existence ? Comme, après le « voyage nocturne » de La Mecque à Jérusalem, sur la jument ailée, Mohammed s'élançait, de l'emplacement du Temple, jusqu'au Trône de Dieu.

C'est pour cela que Mas'oûdi, parlant des cordes du luth, qui sont en relation avec les nombres augustes, déclare que cet instrument participe de la nature de l'homme et agite celui-ci « d'une émotion qui n'est autre chose que le retour subit de l'âme à son état naturel ». C'est pour cela qu'Ibn ‘Arabî, remontant jusqu'au Fiat (Koun) divin, à l'audition de la Parole créatrice, déclare que les gens du samâ’ trouvent dans l'extase musicale l'analogue même de l'irradiation existentielle. (pp. 146-148)
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