Emile Lopez

Liberté océane est l’aventure extraordinaire d’un homme, le Dr Emile Lopez, qui a entrepris un tour du monde par étapes sur un voilier d’une dizaine de mètres. Pourquoi ce témoignage est-il si extraordinaire ? Parce que, durant ce périple (effectué pendant ses vacances, de 1965 à 1973), il n’y avait pas de panneaux solaires, GPS, ordinateurs ou autres technologies actuelles, pas même de poste de radio émetteur pour appeler de l’aide !

Par celle-ci, il rend également un bel hommage à sa femme, qui l’a accompagné durant une bonne partie de son voyage : « c’est pour beaucoup, pour rendre hommage à son courage et rappeler qu’elle fut la première Tahitienne à avoir fait le tour du monde, que j’écris ce livre ».



L’histoire est construite comme un journal de bord, ce qui permet de se plonger très facilement dans le récit et d’être au plus près des sensations de l’auteur. L’écriture est assez agréable, avec un style simple et direct. Les descriptions sont précises et vivantes, si bien que l’angoisse nous prend à plusieurs reprises lors de situations difficiles :

« Je jaillis sur le pont… Spectacle d’épouvante. Le bateau est violemment secoué par la mer qui déferle de partout en énormes rouleaux écumants, nous submergeant parfois. Le vent violent siffle dans les hauts, le mât décrit des arabesques, la coque encaisse des coups sourds, qui se répercutent dans mes entrailles. Le pont est incliné à plus de 60°. Il devient très difficile de se déplacer ».

« La situation est critique, visibilité nulle, pluie très violente, vent fort et nuit noire en prime. Le bateau risque de s’éventrer sur une roche à chaque instant et les vagues sont puissantes ».

De nombreuses indications sont également présentes afin de guider l’aventurier qui voudrait à son tour entreprendre ce périple.



Le Dr Emile Lopez nous offre également à lire une aventure humaine extraordinaire, avec ses joies, ses peines et ses rencontres. La détermination de cet homme est extraordinaire : « je me retrouve avec un novice pour tout équipage. L’idée de renoncer à mon voyage ne m’effleure même pas. Rien ne peut me faire renoncer à ce projet que je caresse depuis si longtemps ».

L’attraction exercée par la mer et le voyage maritime est très présente et très bien exprimée : « tout cela est vraiment très beau, la vie ici a une autre dimension, à l’échelle de la beauté éternelle. C’est le coup de foudre. Je sens que je ne m’en remettrai pas. Loin derrière moi les petites navigations côtières ! Les grandes cités me paraissent sans intérêt. En réaction sans doute à ma vie trépidante à Paris, je ressens un besoin farouche de liberté, une liberté sans frontière. Je goûte pleinement cette solitude à l’échelle des océans qui m’appellent, par cet après-midi ensoleillé. Je suis seul sur le pont. Les autres font la sieste ». Elle donne par ailleurs lieu à quelques envolées poétiques : « l’alizé frais soulève de belles grandes vagues qui s’écrête à notre poursuite en panaches d’une blancheur étincelante, parfois irisées de soleil, parfois légèrement bleutées du bleu des grandes profondeurs qui transparaît à travers. Je ne me lasse pas de les regarder, de les entendre dans leurs grondements sempiternels ». L’auteur parvient sans problème à nous transmettre sa passion de la mer et nous donne envie de nous embarquer pour un tour du monde extraordinaire.



Le petit moins de ce livre, même s’il reste mineur et aisé à contourner, est la difficulté de certains termes techniques utilisés. Mais il suffit de faire quelques recherches pour comprendre ! Les petits plus sont les quelques photos prises des différents protagonistes ou épisodes de l’aventure, ce qui permet d’ancrer davantage le récit dans sa pleine réalité.
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