Le désir, à cette époque, provenait en grande partie d’un acte déterminé. Se donner tant de mal pour gommer les contours bruts, décevants, des garçons, et façonner quelqu’un qu’on pourrait aimer. Nous parlions de notre besoin désespéré avec des mots convenus et familiers, comme si nous lisions les répliques d’une pièce. Je m’en apercevrais plus tard seulement : combien notre amour était impersonnel et avide, ballotté à travers l’univers, dans l’attente que quelqu’un le reçoive et donne forme à nos souhaits.