AVEC LA LENTEUR D’ARBRES SOLITAIRES…
Avec la lenteur d’arbres solitaires
Le pain mûrit sur nos tables et les heures s’étirent
Nous gardons souvenir d’affections anciennes
D’ombres où le sommeil renouvelle le souffle
Et la rivière partout nous accompagne
À l’entendre nos mains s’ouvrent nos épaules se délient
C’est verser de l’huile dans notre sang
Quand la journée obscurcit les visages
Amère récolte de patience !
À nos fronts qui reposent le ciel porte encore offrande
D’oubli sous la pluie bavarde
De sucre splendide je me repais
Du soleil éternel des îles du vent
Qui tourne les feuilles les brûle la lumière
Réveille en moi d'anciens jaunes des bijoux d'ancêtres
Le rouge des vitraux d'église
Mes amis marchent front nu
Sur un bord la mer le froid bleu sur l'autre
Les flammes sueur et suées ils sombrent
Tête la première dans le soleil en nage
Quand la montagne bascule
Apnée durable sous le ciel sans repères. L'herbe se courbe ; un resserrement d'air froid vient à nous de ce côté du visage. L'heure ouvre à la cime des pins immobiles un territoire pour notre veille. Toute senteur a disparu. L'orage avant l'orage amorce notre faim.
...
Il est des orages secs, d'autres qui nous inondes.
Apnée durable sous le ciel sans repères. L'herbe se courbe ; un resserrement d'air froid vient à nous de ce côté du visage. L'heure ouvre à la cime des pins immobiles un territoire pour notre veille. Toute senteur a disparu. L'orage avant l'orage amorce notre faim.
VI. Un millier de lames neuves
FOURMILLE DANS NOTRE SANG CE TISSU DE MER…
Extrait 1
Fourmille dans notre sang ce tissu de mer — écho
Et claquements de voiles
Où vient l’élan d’une plaine fatiguée de vagues
Ouverte comme un jour de mai qu’aucun corbeau n’assaille
Nous sommes sans voix Sans souffle
La mer nous tient à bras le corps
Plonge ses doigts dans nos yeux
Par le chemin des veines elle monte vers le cœur
Qu’atteint-elle en nous que nous ne fréquentons pas ?
Dans l’avant-jour
Partout elle nous devance
VI. Un millier de lames neuves
FOURMILLE DANS NOTRE SANG CE TISSU DE MER…
Extrait 2
En vain la tenir
De veille en rage de jouissance quelle
Faim pour la tenir
Sinon attendre que le lieu sans projet s’apaise
Le vent qui courbe les forêts brise les chênes
Est plus docile de veille en rêve en cauchemar acculé
Et la nuit mange sur le dos de la mer
Aveugle fanfare de vagues Houle en veille en larmes
Sac de digues les plus hautes
Et vanité des ouvrages de main d’homme la plaine
Est ouverte et la mer la prend
Tes lèvres
Rient de cet or dans ton nom
De toute la pluie du ciel qui nous cerne et nous berce
Dormir est terre qui affleure
La table est mise les arbres
Sèchent dans le vent un merle sur les deux rives
Annonce le premier printemps
Doucement te réveille
Il fait jour