Bien qu'il ait toujours fait profession de foi catholique, Montaigne est le plus éblouissant des écrivains « païens » qui proposent de « glisser, sans appuyer » sur les questions de métaphysique : il juge dérisoire tous les systèmes de pensée, tous les programmes, toutes les résolutions : la vraie sagesse réside dans la nonchalance, dans les douceurs de la conversation élégante, dans le détachement humoristique, dans une attention raffinée à soi-même qui prendra ultérieurement le nom d'égotisme. En d'autres termes, il fut le premier grand sceptique de la pensée moderne, tour à tour influencé par le stoïcisme et par l'épicurisme. Témoin des horreurs des guerres civiles (guerre de religion), il prêche la tolérance. Il refuse toute certitude scientifique ou philosophique.
1660 - [p. 251]