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Citation de Bouvy


-Je ne t’avais encore jamais vue, dit Emmanuelle. Regarde- moi. Je peux t’aimer, toi qui es plus belle que moi.
-Il est trop tard pour que je me défende.
-Crois- tu toujours que je sois le Mal ?
-Et, moi, crois- tu encore que je sois l’ange ?
-Tu es mon amante. Tu es ma femme.
-J’irai vivre avec toi et Jean. Je serai vous.
-Ce que j’aime, je te le ferai faire.
-N’y mets pas trop de hâte : tu vois, je suis encore effarouchée !
-Un peu de fermeté, chevalière ! Je ne veux pas de toi pour te ménager. Je te dilapiderai comme un fief.
-Tu ne garderas rien ?
-Te prodiguer n’est pas te perdre. Espères- tu que je me pose sur toi comme une chevêche, pour m’engourdir de ton sang sucré ?
-Je ne suffirais pas à te gorger ?
-Non, rien, jamais, ne me suffira. Je chercherai toujours ailleurs. Regarde le ciel…
-Tu as voulu que je l’oublie.
-Regarde ce ciel- là. Tu vois comme notre terre y est heureuse ! Il est sa carrière. Il est à nous : nous y sommes venus de main d’homme.
-Qu’avons- nous d’autre à trouver ?
-Tout, tout ! Songe à ce qui nous reste à connaître. Hélas ! c’est impossible : c’est le monde qui ne sera jamais fait !
-Garde confiance ! presse Anna Maria avec une brusque ferveur. Jean et nous, ceux qui nous ressemblent, ceux que nous aimons, le verrons surgir.
-Pas nous. Jamais personne. Toujours seulement ceux qui suivent.
-Et qui donc nous suivra, toi et moi ?
-Notre fille.
-Qui la fera ? Toi, moi ? Et qui nous l’aura faite ? Jean ?
-Ou toi à moi, moi à toi. Peu importe ! Nous lui apprendrons à naître. À changer.
-C’est tout ?
-Le reste, ce sera à elle de nous l’apprendre. Ou à ses filles et aux petites- filles de ses filles.
-Nous n’y serons plus, dit Anna Maria, la gorge serrée. Ah, je voudrais pouvoir revenir ! Dans longtemps, longtemps. Quand les hommes auront grandi.
-Tais- toi. Te souviens- tu du faune – que disait- il ? « Ces nymphes… » Ma fiancée, ma sœur, je t’ai enfantée : ce n’est pas assez ! L’amour de toi allonge mon rêve. Je me sens un désir de durée.
-Que veux- tu ? demande Anna Maria.
-Nous perpétuer. Je te veux ! Je t’aime. Donne- toi à nous !
-Voici de l’eau, du sel, des algues et du sable. Et puis voici mon corps…
-Comme il est beau, touché par ma bouche et mes mains !
-Fais- le ton œuvre.
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