Je me souviens d'avoir toujours pensé que la vie n'existe pas en soi, parce que si on ne l'a raconte pas, on n'en fait pas le récit, cette vie est simplement quelque chose qui s'écoule, mais rien de plus. Pour la comprendre, il faut la raconter, ne serait-ce qu'à soi-même
Ce qui ne signifie pas que la narration permette une compréhension en bonne et due forme car il reste toujours des vides qu'elle ne comble pas en dépit des sutures ou des reprises qu'elle s'efforce d'appliquer. C'est pourquoi la narration ne restitue la vie que par fragments. (page 263) Souvenirs inventés, 1994.