Eric Marlière

Tiré d'une thèse de troisième cycle en sociologie, cet ouvrage met en exergue la trajectoire et la mobilité de « jeunes » d'une cité de la banlieue nord de la région parisienne. Ce sociologue développe l'idée de la recomposition des trajectoires des familles populaires en milieu urbain suite à la désindustrialisation des anciens bassins d'emploi. Ce livre reste une référence dans le domaine de la sociologie des banlieues car l'auteur analyse de manière très fine et détaillée le discours des « jeunes » qu'il a observés (et parfois avec qui il a grandi car lui même issu d'un quartier dit sensible). Contrairement à beaucoup de sociologues (de chambre), il est un des rares à avoir réussi à gagner la confiance de cette catégorie d'habitants. Il aborde le sujet avec humilité, respect et s'autorise l'incertitude. Et pour ces raisons, son livre est d'une grande crédibilité et d'une certaine pertinence.

Ce livre traite des formes de politisations présentes dans les "quartiers". L'idée qui sous-tend le livre est forte et importante : il s'agit de faire sortir de l'invisibilisation ceux qui n'ont pas la parole, qui sont stigmatisés et minorisés politiquement. Ce qui est dommage dans c'est les allusions rapides aux différents travaux qui ne permettent pas de saisir totalement le sens des références aux ouvrages cités. Ensuite, je trouve que certains points ne sont pas assez développés ce qui rend parfois la lecture génante étant donné qu'est traité un sujet assez sensible au vue du nombre de préjugés, on pourrait s'attendre à plus de précision, mais cela est peut-être dû au fait qu'il s'agit du premier livre de l'auteur que je lis. Enfin, j'aurais aimé une explicitation des nombreux mots mis entre guillemets : pourquoi avoir choisis ces termes et pas d'autres ?