AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Colchik


Le vécu dont Proust s’empare pour construire son monde de fiction a pour source principale, outre quelques confidences, les médisances et les ragots. Il se délecte de la compagnie des domestiques qu’il arrose de pourboires pour les remercier d’êtres ses indicateurs. Pour trouver « des histoires qui seraient restées insignifiantes si son génie ne s’en était emparé »*, il herborise principalement dans « deux bonnes loges de concierge ». La première est le Ritz. Son maître d’hôtel, Olivier Dabescat (modèle d’Aimé, maître d’hôtel du Grand Hôtel de Balbec dans La Recherche), qui n’ignore rien de la société parisienne, se rend souvent chez lui la nuit, son service terminé, pour le renseigner. Les deux hommes peuvent discuter des heures. La deuxième loge est celle d’Albert Le Cuziat (modèle de Jupien), qui rencontre Proust en 1911, alors qu’il est valet de pied du prince Orlov. Le romancier, qui l’appelle « mon Gotha vivant », apprécie son érudition en matière d’étiquette et de généalogie et, en 1916, lorsque celui-ci ouvre une maison de passe dans l’hôtel Marigny, rue de l’Arcade, il peut compléter ses informations mondaines par des renseignements sur les mœurs des uns et des autres. De la société aristocratique, l’auteur de La Recherche n’est ni acteur ni observateur de premier rang, comme le furent Mme de Sévigné, Saint-Simon ou la comtesse de Boigne. Mais il a parfaitement compris son fonctionnement et excelle à jauger les attitudes et les conduites.
* É de Gramont, Marcel Proust, Christian de Bartillat, 1991
Commenter  J’apprécie          20





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}