C’est la guerre, entendez-vous ? La guerre ! Allons enfants... Rassasiés de paix, las d’être heureux, engourdis d’ennui et oublieux des misères de leurs pères, ils y étaient partis, l’esprit échauffé par les prêches d’un clergé béat, le corps enfiévré par la harangue des politiciens de salon, l’honneur aiguillonné par une clique de galonnés en mal de cette gloire qui graverait leurs noms sur la plaque des avenues.
Il hésitait à revenir dans cette vie devenue pour lui moins familière que celle des tranchées. Il allait devoir réapprendre à laisser la courbe du soleil tracer ses journées, à se déshabiller pour dormir, à ne plus manger avec ses doigts et à ne pas uriner n’importe où.