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Critiques de Eric Raynaud (6)
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Jusqu'au bout du destin Benazir Bhutto



Dix ans avant son assassinat en 2007, j'avais lu la biographie de Benazir Bhutto publiée par Laurence Gourret : "Benazir : l'envers du voile". La correspondante française à Karachi au Pakistan de 1992 à 1996 y dresse un portrait relativement nuancé de la "first lady" de ce pays. J'ai estimé qu'après son assassinat brutal, le temps avait sonné de lire un ouvrage plus récent sur cette dame afin de faire un bilan sur son parcours et surtout sa carrière politique. Spécialement après la lecture de l'ouvrage autobiographique de sa nièce, Fatima Bhutto, "Le chant du sabre et du sang". Voire ma critique du 7 novembre dernier.



Essayer de présenter un jugement équilibré sur des politiciens pakistanais n'est pas simple pour une kyrielle de raisons : les déchirements religieux et ethniques, la corruption endémique en particulier d'une certaine classe dirigeante, le rôle ambigu de l'armée et des services secrets, le fanatisme et la violence qui ont marqué l'histoire de ce pays de presque 200 millions d'habitants depuis sa création en 1947. Benazir n'échappe pas à cette règle. La seule chose avec laquelle virtuellement tout le monde soit d'accord est qu'elle était une belle femme à l'allure fière !



Benazir Bhutto est née en 1953 à Karachi, l'ancienne capitale du Pakistan, dans le Sind, la 2e province la plus peuplée du pays (48 millions d'habitants en 2017). Son père, Zulfikar Ali Bhutto, né en 1928 et pendu en 1979 à l'âge de 51 ans, fut le 4ème Président du Pakistan et sa mère, la bégum Nusrat Ispahani (1929-2011) fut d'origine iranienne kurde. Elle avait une soeur Sanam, née en 1957, et 2 frères Murtaza ou Mir (le père de l'écrivaine Fatima Bhutto), né en 1954 et abattu par la police en 1996, et Shahnawaz, né en 1958 et mort en France en 1985 dans des conditions étranges.

De son mariage avec Alif Ali Zardari en 1987, elle a eu 3 enfants : Bilawal (en 1988), et les soeurs Bakhtawar (1990) et Aseefa (1993).



Pour la jeune Benazir son père était son dieu et il expedia sa fille de 16 ans à Harvard aux États-Unis, puis à Oxford en Angleterre pour y entreprendre de solides études, comme s'il la préparait déjà à lui succéder un jour.



L'auteur brosse à juste titre, à mon avis, un portrait positif de Zulfikar Ali Bhutto. Un homme de "gauche" dans un pays, où la grosse majorité de la population vit dans la pauvreté, traditionnellement gouverné par ce qu'on appelle le clan des 22 familles fabuleusement riches et qui ont comme habitude de peupler l'armée et les services de sécurité (ISI ou Inter-Services Intelligence) redoutables de leurs rejetons, fils et beau-fils, pour conserver et élargir leur mainmise sur l'économie nationale. Une spécialité bien pakistanaise, où la corruption est élevée en système de gouvernance, caractérisé par des méthodes comme le "rachat", les menaces et l'élimination des opposants ! C'est dans ce climat que le père Bhutto a créé, en 1967, le Parti Populaire Pakistanais (PPP) socialiste et qu'il a nationalisé des secteurs clés de l'économie au grand dam des 22 familles.



En fait, Zulfikar l'a fait trop bien comme le prouve son écartement du pouvoir et liquidation par le chef de l'armée, le général Zia-ul-Haq (1924-1988). Nommé pourtant par lui à la tête de l'état-major interarmées. Sûrement LÁ bêtise de sa vie !



En plus de son éducation académique, Benazir a aussi bénéficié de l'expertise de son père qui l'amena avec lui à l'ONU pour les débats sur la 3ème guerre indo-pakistanaise, à la suite de l'invasion du Bengale par les troupes indiennes en 1971, et à Simla en Inde, pour négocier un accord avec Indira Gandhi afin de terminer ce conflit.



Le coup d'état de Zia en 1977 et sa présidence ou plutôt sa dictature sanglante de 1978 à 1988 (il est mort dans un accident d'avion, jamais élucidé), n'est bien sûr pas fait pour arranger les ambitions et plans de Benazir qui vient de terminer avec succès ses études d'histoire diplomatique à Oxford. Fait remarquable : la demoiselle y a été élue présidente de l'union des étudiants, composée à 85 % de jeunes hommes et comme première Asiatique.



Ce seront 11 ans de harcèlement, entrecoupées de peines de prison et d'expulsion pour Benazir et sa famille, tandis que son pays s'appauvrit et se radicalise, grâce à une politique d'islamisation décrétée par Zia et son introduction de la sharia.



En décembre 1988 elle est élue, à une majorité écrasante, Premier ministre, à l'âge de 35 ans, et démarrait aussitôt un vaste programme de mesures : rétablissement de la liberté de la presse, restauration des syndicats ouvriers et étudiants, rapprochement avec l'Inde de Rajiv Gandhi, relance économique, infrastructures, enseignement et le statut de la femme. Le duo éternel Armée-ISI n'appréciait guère ses initiatives et au bout de 20 mois, en août 1990, elle fut limogée pour "incompétence, corruption et malversation".



D'octobre 1993 à novembre 1996, Benazir gouvernait comme chef de gouvernement une 2ème période de 36 mois. À cette dernière date le scénario de 1990 se répétait : destitution pour les mêmes motifs. Honnêtement, j'ignore ce qu'il en a été de l'accusation principale de corruption. La famille Bhutto était traditionnellement riche, mais au cours de son règne, son mari, Asif Ali Zardari, s'est financièrement tellement bien débrouillé en affaires pour amasser la 2ème plus grosse fortune du Pakistan. Cette "réussite" lui a valu 8 ans de prison (1997-2004), sans jugement ni preuves et "Mister 10 %" (son surnom) a finit par être blanchi....et devenir Président du pays de 2008 à 2013. Comme quoi au Pakistan tout est possible.



Le second limogeage de Benazir signifiait 8 ans d'exil principalement à Londres. En 2007, elle fut à nouveau la candidate du PPP aux élections, mais abattu le 27 décembre à Rawalpindi par un kamikaze qui tua 23 autres personnes. L'assassinat a été réclamé par Al-Qaïda, les talibans locaux ont été soupçonnés, ainsi que des membres de l'ISI. Une commission d'enquête de l'ONU a conclu à la responsabilité du gouvernement qui n'avait pris aucune mesure de protection, malgré d'inquiétantes menaces. En 2013, le président Pervez Musharraf (2001-2008) a été officiellement accusé de l'attentat. Le pauvre homme se trouve actuellement à Dubaï pour des raisons de santé !



En guise de conclusion, je dirais que Benazir Bhutto a profité d'une excellente éducation, avait pleine de bonnes intentions, a introduit des mesures positives et a fait preuve d'un courage exceptionnel. Mais gouverner un pays comme le Pakistan relève d'une mission virtuellement impossible et extrêmement dangereuse !



Éric Raynaud n'a pas produit un ouvrage d'historien académique, mais un récit vif de journaliste, basé sur des fréquentes citations de l'oeuvre de Benazir Bhutto elle-même : "Une autobiographie" ("Daughter of Destiny") de 1989. C'est un livre qui se lit facilement et qui permet de comprendre un peu mieux la réalité du Pakistan (en Ourdou, le "Pays des purs") et la carrière de Benazir (en Ourdou, "l'incomparable") Bhutto.

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11 septembre, les vérités cachées

Un livre qui propose une explication aux évènements du 11 septembre différente de la version officielle. Les théories présentées par l'auteur sont illustrées par différents sites internet, différentes vidéos, les sources sont toujours données.

Je pense que c'est intéressant à lire car pour moi, on ne saura jamais vraiment tous les tenants et les aboutissants de ce dramatique évènement, on ne connaîtra jamais la stricte vérité mais seulement ce que la poignée de personnes qui gouverne le monde veut bien que l'on sache. Je ne dis pas que la version officielle n'est pas vraie, ni que la version présentée dans ce livre l'est. Juste que je ne sais pas et qu'il est intéressant d'avoir différents points de vue.
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Un crime d'Etat ? : La mortétrange de Pierre ..

Je me suis procurée ce livre il y a longtemps (ça se compte en années), alors que j'arpentais les rayons de Gibert Joseph.



J'ai voulu en savoir plus sur lui, sur les mystères entourant son suicide. Que l'on ait la même couleur politique que lui ou non, je trouvais qu'il avait un côté touchant, un peu comme le self-made man ou l'outsider, et j'avais envie de découvrir l'univers dans lequel il avait baigné.



J'ai apprécié les événements relatés et j'en ai appris davantage sur les arcanes du pouvoir.
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Adieu Farewell

Une excellente enquête, très humaine et très impressionnante.
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Adieu Farewell

J'avais entendu parler de cette histoire à la radio dans l'émission de P. Penaut, Monsieur X.

Ce livre qui est en fait une 2nde édition co-écrite par les 2 spécialistes du dossier Farewell est vraiment très complet sans être barbant.

Cet ouvrage entre enquête de grand journalisme et livre d' histoire se lit comme un roman d'espionnage.

Le 2nd confinement s'est bien passé. . . Merci Volodia !
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Adieu Farewell

Un ouvrage intéressant qui montre une réalité plus complexe que celle qui est présentée dans le film de Christian CARION. En particulier pour ce qui concerne les motivation supposées de Vladimir Vetrov, de la période de sa détention et de son exécution. A lire pour en connaître davantage sur cette affaire dont les conséquences ont été importantes pour le monde libre.
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