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Citation de Enroute


Au problème archaïque tardif de la justice divine, la réincarnation offrait en effet une solution moralement plus satisfaisante que la culpabilité héréditaire ou la punition dans un monde d’outre-tombe. Avec l’émancipation croissante de l’individu des liens de la solidarité familiale et l’augmentation de ses droits en tant que « personne » légale, la notion que l’on puisse payer les fautes d’un autre devenait inacceptable. Une fois admis par la loi humaine qu’un homme est responsable de ses propres fautes, il faut que, toi ou tard, la loi divine l’admette aussi. Quant à la punition après la mort, cela expliquait certes assez bien pourquoi les dieux paraissaient tolérer le succès des méchants ici bas ; d’ailleurs la nouvelle doctrine exploitait les choses à fond, en se servant de la technique du « voyage aux enfers » pour évoquer sous un aspect vrai et cru, les horreurs de la damnation. Mais la punition dans la vie future n’expliquait pas toujours pourquoi les dieux toléraient tant de souffrances humaines, et surtout celle, imméritée, des innocents. La réincarnation, au contraire, en rendait compte. Selon cette doctrine, aucune vie humaine est innocente : tous s’acquittent plus ou moins de crimes diversement atroces commis au cours de leur vie antérieure. Et toute cette masse sordide de souffrance, tant dans ce monde que dans l’autre, n’était qu’un aspect de la longue éducation de l’âme – une éducation qui aboutirait à sa libération du cycle de naissance et son retour à sa source divine. C’est ainsi seulement, sur cette échelle du temps cosmique, que la justice – en son plein sens archaïque, cette justice dont la norme est que « le malfaiteurs portera sa peine » – pouvait être entièrement rendue à chaque âme.
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