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Citation de cathcor


Ernest Legouvé
Dandolo

Venise aux Byzantins demandait un traité.
Auprès de l'empereur part comme député
Un des plus nobles fils de Venise la Belle :
Dandolo. L'empereur ordonne qu'on l'appelle.
Il entre : le traité l'attendait tout écrit :
« Lisez-le, dit le prince, et puis signez… » Il lit.
Mais soudain, pâlissant de colère, il s'écrie :
« Ce traité flétrirait mon nom et ma patrie,
Je ne signerai pas ». L'impétueux César
Se lève… Dandolo l'écrase d'un regard.
Le prince veut parler de présents,… ; il s'indigne.
De bourreaux,… il sourit. De prêtres,… il se signe.
Alors, tout écumant de honte et de fureur,
« Si tu ne consens pas, traître, dit l'empereur,
J'appelle ici soudain quatre esclaves fidèles,
Je te fais garrotter, et là, dans tes prunelles,
Un fer rouge éteindra le jour évanoui !
Ainsi, hâte-toi donc, et réponds enfin oui. »
Il se tait. On apporte une lance brûlante.
Il se tait. On l'applique à sa paupière ardente.
Il se tait. De ses yeux où le fer s'enfonçait
Le sang coule. Il se tait. La chair fume. Il se tait.
Et quand de ses bourreaux l’œuvre fut achevée,
Tranquille et ferme, il dit : « La patrie est sauvée ».
Eh bien ! ce front d'airain inflexible aux douleurs
Ces yeux qui, torturés, n'ont que du sang pour pleurs,
Cet immobile front où pas un pli ne bouge,
Qui ne sourcille pas sous le feu d'un fer rouge,
Ces yeux, ce front, ce cœur, avaient quatre-vingts ans.
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