Quoique jeune, je suis un vieux routier : j’ai déjà eu trois directeurs. Aussi pourquoi ai-je accepté ce déjeuner ? Je connais pourtant bien l’engrenage : l’accueil du premier jour, les petites prévenances qui lient, puis les menues exigences, les grandes exigences, les canailleries sournoises… Je me revois secoué sur la chaîne sans fin des capitulations journalières et sans force pour lâcher le « zut » libérateur.
Et ça va recommencer ! Ah ! mais non ! je file !
Mme Michaud parle, parle… Elle prononce « meil-lieur, » « trois heures-zet-demie… » Un flot d’huile coule.
Mais je n’y suis plus. Ce petit vent d’amitié quasi maternel a soufflé à rebrousse-poil.
Je ne songe qu’à fuir.