Esther Rolène

Chapitre 1 : Craintes
Lisa
«…Greyfield, février 2018

La tête déportée vers la droite, je laisse mon regard se perdre dans le vide et les ténèbres. Secoué sans une once de pitié, mon corps accueille cet intrus en lui alors que le froid me mord la peau. Le sol dur de la ruelle plongée dans l’obscurité me fait grimacer et un autre flux incontrôlé de larmes envahit mes yeux : l’espoir que ça s’arrête déserte lentement mon cœur.
Je ferme les paupières en serrant les dents quand je l’entends râler juste avant qu’il n’étouffe ses bruits ignobles en mordant la peau de mon cou. Il déverse sa semence en moi en grognant des mots qui atteignent un peu plus ma dignité déjà bien écrasée par son acte, comme je le suis présentement sous le poids de son corps. Lorsqu’il se calme et se redresse, je n’ose pas le regarder, de peur d’avoir cette image gravée dans la mémoire pendant longtemps. Il se relève, remet de l’ordre dans sa tenue avant de s’éloigner en me promettant qu’il ne risque pas de s’arrêter là…
Qu’il reviendra pour moi.


— Non ! Non, arrête ! Je ne dirai rien, je t’en sup…
— Eh, réveille-toi, Lisa ! Réveille-toi, c’est moi !
Je me redressai en sursaut, le rythme cardiaque effréné et le corps trempé de sueur. Quelques-unes de mes mèches me collaient le front et, penchée vers moi, les cheveux blonds de Cindy me frôlaient le bras alors que ses yeux bleus trahissaient son inquiétude.
— Encore ? demanda-t-elle prudemment.
— Oui, soupirai-je en passant une main sur mon visage.
Deux ans et toujours le même cauchemar. Souvent, certains détails changeaient, pourtant, tout ça représentait une seule chose pour moi : des souvenirs que je souhaitais oublier en un claquement de doigts ... »

Chapitre 5 : Sa froideur
Lisa
«…
— Je parle de la couleur, de la couleur, du design, des détails et des…
— C’est moche, m'interrompit-il sèchement.
Je grognai et repris le chemin qui mena à ma chambre, en rageant intérieurement.
— Vive la communication !m’exclamai-je d’un ton agacé.
— Je ne suis pas un perroquet, mais un garde du corps, mademoiselle Jones, ironisa-t-il dans mon dos.
Il prononça mon nom lentement, comme s’il prenait le temps d’en savourer chaque lettre. Troublée malgré moi par son attitude, je levai tout de même les yeux vers le ciel en fermant mon ordinateur.
— Les relations humaines exigent un peu plus de convivialité pourtant, monsieur Nevins, insistai-je tout en marchant.
— Je ne suis pas obligé de vous parler pourtant, fit-il sur le même ton que moi.
— Vous êtes toujours puéril comme ça ou c’est seulement aujourd’hui ? dis-je en faisant volte-face, calquant ainsi ses propos de la dernière fois.
Il baissa la tête et je l’entendis pouffer, mais, à l’instant où il me regarda à nouveau, il avait déjà retrouvé son sérieux et sa froideur...»

Chapitre 2 : Vérités cachées

William

«… — Marlon, c’est quoi les coups de fil que t’as passés tout à l’heure ? repris-je en me rappelant sa réaction lorsque je lui avais annoncé la disparition de Lisa.

— J’allais justement en parler…

Il regarda Myriam. Elle l’observa aussi. L’appréhension se lisait dans ses yeux de mère déjà éprouvée. Je sentis d’ailleurs que je n’allais pas apprécier ce qu’il allait dire.

— Vous vous rappelez que je parlais d’une femme que nous pensions être la victime finale du meurtrier de Boone City ?

Myriam et moi hochâmes la tête et je le suppliai intérieurement de ne pas prononcer les mots que je m’imaginais.

— C’est Lisa.

Ce fut assurément le coup de grâce. … »

Chapitre 1 : Douloureux réveil

Lisa

«… Vaincue, dénuée de secours et de la force nécessaire pour me défendre, je détournai le regard, commandant instinctivement à mon cerveau de se court-circuiter comme la première fois que j’avais été salie dans cette ruelle à l’ambiance morbide.

— Je vais te détruire, chaton, souffla-t-il dans mon cou alors que sa main s’immisçait dans mes cheveux. Le dernier souffle que tu expireras sera un vent de souffrance. Je vais profondément te faire mal, et ce, dans tous les sens du terme.

Je pleurais silencieusement, le cœur battant à tout rompre. ...»