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Critiques de Estienne Rodary (1)
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Ecologie et Politique, N° 42, 2011 : Les écol..

Dans son éditorial « Fukushima, les sacrifiés du nucléaire » , Jean-Paul Deléage analyse le retour du « répertoire officiel désormais classique du mensonge nucléaire ». De Fukushima à l’empire nucléaire français, l’auteur met l’accent sur l’actualité des risques. Il conclut sur la nécessité de sortir du nucléaire. Il ne faut, en effet, ni oublier ce qui s’est déroulé au Japon, ni les réalités chiffrées aujourd’hui mises à nu par la Cour des comptes, ni les mensonges distillés ou assénées depuis trop longtemps par les idéalistes de l’énergie à soit disant faible coût du nucléaire.



En complément sur le sujet, la revue re-publie un extrait « Genèse et servitudes du nucléaire » de l’ouvrage de Jean-Claude Debeir, Jean-Paul Deléage et Daniel Hémery : Les servitudes de la puissance. Une histoire de l’énergie (Flammarion, Paris 1986) dont je ne peux que conseiller la lecture. J’en extraits quelques citations :



« Projet faustien d’une fantastique alchimie, scientifique cette fois et par conséquent à l’abri des critiques, productrice d’énergie illimitée et à faible coût. »



« Pas d’autres possibilités, en conséquences, que d ’élargir coûte que coûte les usages de l’électricité, de ‘forcer’ artificiellement leur diffusion, pour l’instant relativement réduite, guère plus d’un quart des énergies primaires commerciales dans le monde aujourd’hui. La logique des producteurs commande obligatoirement celle de la consommation. L’offre détermine la demande. Ce n’est plus la production d’énergie qui répond à la consommation globale de la société, c’est la société qui doit obéir au mouvement de la production. »



« La durée nécessaire de cet amortissement (par la nature de ces nuisances) ne relève plus du temps ‘économique’ qu’est aujourd’hui le temps social, mais de l’échelle des temps géologiques. »



« Développer le nucléaire, c’est opérer sur tous les registres à la fois : celui de la guerre et des rapports de puissance mondiaux, celui de la production d’énergie et des rapports de force économiques mondiaux. Impossible d’échapper à cette inéluctable nécessité. Il n’y a pas un atome ‘bon’, le pacifique, et un atome ‘nuisible’, le militaire, il y a l’atome et sa rationalité totalisante. »



Le dossier « Les écologies politiques aujourd’hui », troisième livraison, est consacré à l’Afrique et comporte :



« Crises et résistants : les écologies politiques en Afrique » (Estienne Rodary)



« Croissance économique africaine, destruction de l’environnement et contestation sociale » (Patrick Bond)



« Les réseaux illégaux du pillage. La demande globale de bois et la (re)commercialisation des forêts d’Afrique de l’Ouest » (Greg Hiemstra-van der Horst, Paul G. Munro et Simon P.J. Batterbury)



« L’émergence de partis verts en Afrique » (Entretien avec Papa Meiss Dieng)



« Ville pétrolière : pétro-paysages et futurs soutenables » (Michael Watts)



« La lutte contre la déforestation en Afrique centrale : victime de l’oubli du politique ? » (Symphorien Ongolo et Alain Karsenty)



« Résister à la nouvelle course pour la terre. Vers une ‘écologie politique’ de la question de la terre au Sahel » (Muriel Cote)



Ces articles permettent d’aborder, entre autres, les problèmes d’accès à la terre en relation aux achats massifs de terre par des pays ou des firmes multinationales, les politiques de ‘conservation de la nature’, la place de la violence comme modalité centrale de la politique, les problèmes de croissance, de destruction des environnements, les contestations sociales, les réseaux de pillage de bois, l’économie pétrolière, les problèmes de déforestation qui ne peuvent être résumés au seul abattage des arbres, l’insécurité foncière, etc.



J’ai particulièrement apprécié l’article de Muriel Cote, dont est extrait le titre de cette note.



L’auteure met au centre de ses analyses « les relations sociales d’accès à la terre qui sous-tendent les droits fonciers » et les « processus d’inclusion et d’exclusion sociales » et nous rappelle que derrière le problème de soutenabilité de la production il y a des revendications politiques, dont l’atténuation des inégalités existantes, ce qui passe par des réformes agraires et la redistribution des terres. « les inégalités et l’injustice sociale ne sont pas les simples résultats mais bien les vrais facteurs sous-jacent des crises environnementales et économiques perçues, la vraie solution des problèmes en question consiste à combattre ces facteurs. »



J’ai de plus été intéressé par l’article de Tobias Girard « Polluer pour régner ? Affaires et conflits de poubelles à Marseille » et celui de Luis Martinez Andrade « Contribution de la théologie de la libération au débat sur l’écologie ».



Par contre, il me semble nécessaire d’éviter celui de Serge Guérin « Du care à la société accompagnante : une écologie politique du concret », pour son incompréhension de ce qu’est le genre et des apports que permettent des lectures genrées ( il indique « une lecture moins genrée est nécessaire »… parce « qu’avant le genre, c’est l’âge qui est en jeu » !!) et plus généralement par son contournement des apports des analyses féministes actuelles. Je trouve invraisemblable de ne pas mettre les rapports sociaux de sexe (de genre) au centre d’une étude un tant soit peu sérieuse sur le care.



Sur ce problème je renvoie au récent numéro de Travail genre et sociétés : Les individus font-ils bon ménage et en particulier à l’article de Geneviève Cresson « Le care : soin à autrui et objets de controverses » qui nous rappelle, entre autres, que « c’est un travail gratuit ou mal rétribué, peu valorisé symboliquement ou économiquement, dévoreur de temps et d’énergie, qui limite l’autonomie des femmes et leur disponibilité pour d’autres activités ou dimensions de la vie. »

Le numéro se termine sur un entretien avec Nigel Crawhall sur l’organisation de peuples autochtones en Afrique.
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