Eugen Simion

Dans le sillage de George Călinescu, Eugen Simion, critique littéraire faisant autorité et fin connaisseur des littératures étrangères (je me souviens avoir reconnu l'Académicien venu « inspecter » une enseignante adorable et passionnée presque incognito avec un naturel et une simplicité qui sied bien aux lettres roumaines aspirant à l'immortalité), est un monument du genre. Dans ce tome IV de son "histoire" [Les écrivains roumains de nos jours, traduction du titre] de la littérature roumaine, paru en 1989, neuf séquences distinctes sur plus de 700 pages. Des mémorialistes (1) (Ion Petrovici, Iorgu Iordan, Al. Rosetti et N. Carandino) qui ne sont pas si étrangers que cela aux lecteurs français, puisque Lucian Boia les mentionne dans "Les Pièges de l'Histoire : L'élite intellectuelle roumaine (1930 – 1950)". Un retour sur la période 1945-47 (2) avec Mircea Popovici, Dinu Pillat, Sergiu Filerot, Tudor George, mais surtout un écrivain qui m'est cher, Laurențiu Fulga. Concernant la poésie néoclassique (3) la sélection d'Eugen Simion comprend des noms très peu connus à mon sens, mais qu'il serait injuste de passer sous silence : Emil Giurgiuca, Virgil Carianopol, Iulian Vesper, Alexandru Andrițoiu, Al. Căprariu et Ion Horea. Titus Popovici occupe toute une séquence (4) dédiée au roman social des années 1950 (mais où est donc passé Marin Preda ? une enquête s'impose !) comme Nicolae Labiș (5) qualifié de "massue" de toute une génération. Une nouvelle séquence complémentaire est consacrée aux années 1960 : Ana Blandiana, Gheorghe Tomozei, Grigore Hagiu, Ovidiu Genaru, Sergiu Adam, D.R. Popescu, Augustin Buzura et Dana Dumitriu. Quasi-inconnus, mais là aussi je choisi de citer la liste complète, les noms réunis dans la séquence (7) de la catégorie prose "autoréférencée", métaroman et journal de création : Radu Petrescu, Mircea Horia Simionescu, Costache Olăreanu et Tudor Țopa. Trois auteurs déjà présents sur Babelio, Șerban Foarță, Eugen Uricaru, et Gabriela Adameșteanu côtoient dans une séquence qui a tout d'une "voiture balai" (8) et qui s'intitule la poésie de l'être et du verbe, le neoexpressionnisme, le groupe "Echinox", des prosateurs : Adrian Popescu, Ion Mircea, Vasile Igna, Horia Bădescu, Mihai Sin.

Pour la dernière séquence qui traite des années 1980 et le postmodernisme qui les caractérise, la liste vous semblera bien longue, mais attention elle contient plusieurs "notables" : Mircea Cărtărescu, Ion Stratan, Florin Iaru, Ion Bogdan Lefter, Lucian Vasiliu, Nichita Danilov, Ion Mureșan, Alexandru Mușina, Ioan Morar, Romulus Bucur, Domnița Petri, Magdalena Ghica, Marta Petreu, Elena Ștefoi, Mircea Nedelciu, Alexandru Vlad, Gheorghe Crăciun, Cristian Teodorescu, Nicolae Iliescu, George Cușnarencu, Ioan Groșan, Hanibal Stănciulescu, Ioan Lăcustă, Bedros Horasangian, Adriana Bittel, Daniel Vighi, Tudor Dumitru Savu, Horia Ursu, Rodica Palade.

Il y a donc matière à éditer un jour un précis de littérature roumaine contemporaine, ne serait-ce qu'en traduisant des fragments écrits dans un style démonstratif et bienveillant. Ouvrage de référence donc, jamais assez souvent consulté par les amoureux des lettres roumaines, complémentaire à celui de Marian Popa.